Quand je fais un long trajet sur l'autoroute, le moment que je préfère c'est la pause pipi + sandwich industriel dans une grande aire de repos.
Besoin urgent de ravitaillement !... Dans ces moments-là, je me fiche pas mal des préjugés anti-malbouffe, je pense à ma survie, je ne suis qu'une bouche, qu'un estomac : j'veux du Daunat, du Sodebo, du Restoroute, absolument n'importe quoi pourvu que je bouffe. Et je ne suis manifestement pas la seule dans ce cas, c'est la razzia au rayon des sandwiches.
Mais que diable trouvons-nous si aimable dans ces sandwiches ?
Je parle pour moi. Bien sûr, le contexte compte : je me dégourdis enfin les pattes sur le plancher des vaches, le magasin de l'aire de repos contient des tas de choses rigolotes, appétissantes ou stupides, et en plus je viens de faire un passage libérateur au petit coin, tout cela me met déjà en joie.
Mais il n'empêche que dans ces sandwiches en eux-mêmes, j'aime certaines choses, et en particulier ceci :
- la sensation de fraîcheur humide qui s'en dégage quand on croque dedans, sensation due au fait qu'ils sont réfrigérés depuis plusieurs jours dans leur emballage sous vide (ah tiens, je découvre aussi que tous contiennent des ingrédients décongelés !!!... Aucun d'eux ne peut être recongelé, c'est spécifié dans tous les cas),
- la joie d'ouvrir l'emballage : cette joie de découvrir et de respirer le parfum de ce qu'on a choisi... C'est un peu le plaisir de la pochette-surprise. Et le bonheur de ne pas piocher au plat commun mais d'avoir son propre petit frichti à soi : pour une fois, même à plusieurs, avoir droit à un délice librement choisi et qui n'appartient qu'à soi tout seul, ah là là !...
Propos peu convivial mais extasié, il faut me pardonner : l'espace privé représente le luxe suprême pour une ermite dans l'âme – que les caprices du Destin ont fait naître au beau milieu d'une famille nombreuse ! ;-),
- et enfin, l'assaisonnement de ces sandwiches, en général doux et plutôt agréable, à mon avis dosé avec astuce : juste assez de goût pour être irrésistible quand on a bien faim, juste assez de fadeur pour frustrer et donner envie d'en manger une bouchée supplémentaire. (Quoique attention à ceux qui contiennent du fromage frais, chèvre ou mozzarella, je les trouve souvent abominablement salés.)
Goûtons donc ces trois marques de sandwiches, et constatons que ces trois mignonnes gourmandises méritent quelques critiques.
• Les prix se tiennent et me semblent assez normaux dans l'ensemble : en grande surface, vous paierez de 1,90 € à 2,70 € selon qu'il y a 2 ou 3 triangles de sandwich et/ou selon les ingrédients dont ils sont garnis (c'est sans doute un peu plus cher sur les aires de repos des autoroutes, je n'ai pas vérifié).
• Mais ces sandwiches ont, en règle générale, un nombre d'additifs en "E..." particulièrement impressionnant ! Et en tout cas, une quantité d'ingrédients affolante : pas du brut, quoi.
• Proportions pain / contenu ? En moyenne, c'est moitié-moitié.
Pour ma part, j'ai tendance à penser que plus il y a de contenu, meilleurs sont l'équilibre nutritionnel et la saveur. C'est pourquoi je place en tête de mon classement qualitatif les Weight Watchers (55 % de garniture), devant les Sodebo (52 %) et les Daunat (47 %).
• La disposition de la garniture dans le sandwich est quand même effrayante dans tous les cas (un peu moins mal agencée toutefois chez Weight Watchers, qui mérite une mention presque passable).
Tenez, pour vous montrer, je vais me taper un triple Daunat pour commencer. J'adore leurs pubs, elles sont marrantes.
Et reconnaissez que, de prime abord, l'aspect est plutôt engageant, non ?
... Sauf qu'il vaut nettement mieux regarder côté face que côté pile, où les ingrédients se raréfient dangereusement au profit de la croûte de pain :
Je sors un des trois sandwiches, je respire l'odeur, mmm... et je mords dedans.
Oups !
Ouvrons carrément, et constatons à quel point la répartition des ingrédients laisse à désirer :
Pareil chez Sodebo. Quelle que soit la marque, ils sont tous bâtis sur le même modèle.
J'imagine que les ingrédients sont groupés au centre par souci d'en mettre le moins possible, mais aussi pour éviter qu'ils ne débordent du sandwich quand le client mord dedans ?
Sur ce dernier point, j'admets certes que se salir de la tête aux pieds n'est pas une perspective emballante pour le client ; cela dit, je suis convaincue que si les fabriquants faisaient un petit effort de réflexion, ils pourraient trouver le moyen de bien mieux équilibrer la répartition des bouchées tout en préservant la commodité de dégustation.
Ci-dessous, c'est le Sodebo. Je l'ouvre aussi et je rigole, il a un côté piteux presque attendrissant. Quant à l'autre moitié, elle est encore plus nue (mais la tomate est-elle suffisamment bonne pour qu'on déplore son absence ?... pas sûr !) :
Weight Watchers est le mieux garni, mais à mon sens ce n'est pas encore idéal – d'autant qu'il n'était pas pour autant le meilleur des trois.
• Pour le goût et pour le plaisir donné, il faut bien avouer qu'aucun ne se détache nettement du peloton. Les sensations gustatives dépendent bien davantage du choix de la composition du sandwich que de la marque. Pour une même dominante d'ingrédients, je trouve que les différentes marques se valent à peu près.
Alors maintenant je vais m'en fabriquer un : un sandwich bien de chez moi, avec des ingrédients similaires à ceux des sandwiches industriels, mais que j'espère élever à quelques coudées au-dessus en termes de qualité gustative (et nutritionnelle).
Livrons un match à la loyale : on va prendre le même type d'ingrédients que ce qu'on peut trouver dans ces sandwiches, sauf qu'on va essayer de faire des bouchées nettement plus satisfaisantes.
Et pour finir, on fera un comparatif chiffré, pour évaluer l'apport en calories et la proportion pain/garniture, selon qu'on achète du "tout-fait" ou qu'on élabore soi-même.
• Première chose : je vais utiliser un petit matériel de cerclage qui va me permettre de répartir les ingrédients sur une hauteur digne de ce nom... et sur toute la superficie de mon sandwich.
Ce carré bombé en acier m'a coûté 6,20.€ (= même pas trois fois le prix d'un sandwich sous vide !) et croyez-moi, il a été vite rentabilisé : cela fait six semaines que je m'en sers tous les jours sans exception. Ai-je grossi ? Même pas. J'ai surtout énormément progressé dans la confection de sandwiches carrés.
Il y avait plusieurs tailles de carrés en acier de 6.x.6 cm à 26.x.26 cm, j'ai pris celui qui mesure 10 x 10 cm, c'est idéal pour les sandwiches de format "grand pain de mie".
Hauteur : environ 4,5 cm. C'est un peu supérieur à ce que ma bouche est capable d'enfourner, du coup on va remplir jusqu'en haut sans exagérer, et ensuite on tassera bien.
Le "carré bombé", c'est définitivement ma forme préférée pour les sandwiches :
1) pas aussi strict à voir que le carré pur et dur, il rappelle un tout petit peu l'arrondi du sein maternel,
2) pas aussi gaspilleur de pain qu'un cercle ; avec cet objet, j'élimine exactement les bordures des tranches – lesquelles ont le double inconvénient d'être à la fois moins délicieuses (à mon goût) et surtout plus concentrées en calories que la mie.
Si vous ne voulez pas gâcher les croûtes, vous les laissez sécher à l'air libre, vous les mixez et cela vous donnera une chapelure-maison que vous pourrez utiliser pour d'autres recettes. A l'heure où je vous parle, je me trouve ainsi à la tête d'environ 4 kg de chapelure. Mais comme je n'utilise pas de chapelure dans la cuisine, je sais comment ça finira sans trop tarder.
• Maintenant, procédons avec rigueur pour calculer scrupuleusement les calories de notre sandwich. J'installe la planche et le carré sur une balance et je replace le zéro pour déduire la tare. Il n'y aura qu'à noter le poids après chaque ajout d'ingrédient, et à calculer ensuite.
Tout est en place, il n'a plus qu'à !
1) Pain + mayonnaise :
NB. Autre version moins riche et tout aussi bonne : à la place de la mayo, étaler sur la tranche de pain ½ Vache qui Rit allégée et un effleurage de moutarde mi-forte. Sur chaque tranche de pain tartinée, vous réduirez ainsi l'apport énergétique de 75 kcal... et sur la totalité du sandwich, de 150 kcal !
(Je sais, ça paraît dingue, mais c'est bien ça. Pour une intensité et un agrément de saveur équivalents, je répartis entre mes 2 tranches de pain : soit 25 g de mayo maison [=.190 kcal], soit 1 Vache qui Rit allégée + ½ cuiller à café de moutarde mi-forte [= 40 kcal]).
2) Fromage Président "croque emmental" + jambon Fleury Michon "coupé finement à l'italienne" + carottes râpées Monoprix déjà assaisonnées à la "vinaigrette allégée".
Ne dites rien, ne critiquez pas la médiocrité de mes ingrédients ! Je vous l'ai dit, je travaille à la loyale, on verra bien à la fin si c'est bon.
3) Batavia (ah non, pardon, ici c'est de la laitue iceberg !) + oeuf dur + hot ketchup :
(J'ai essayé avec de la romaine aussi, c'est encore meilleur qu'avec de la batavia. Sinon, entre le hot ketchup et le ketchup normal, pour moi c'est le hot qui donne le meilleur goût).
4) Seconde tranche de fromage Président "croque emmental" + seconde tranche de pain mayonnaisée pour refermer :
5) Maintenant je vais presser mon sandwich pour bien l'agglomérer et réduire un peu sa hauteur.
Pour presser, une astuce qui m'enchante : j'ai découpé aux ciseaux une forme adaptée dans la partie intacte de ma planche en plastique mi-souple, que j'avais malencontreusement fendue en deux d'un grand coup de hachoir.
C'est parfait, pratique, ça se lave sous le robinet, et il me reste encore un bout de planche pour faire la même chose pour la terrine où je fais mes foies gras. Ça n'a l'air de rien mais ça me change la vie, ces formes en plastique, il suffit de poser un poids dessus et c'est impec. Voilà un exemple réussi de recyclage d'ustensile, je me sers dix fois plus souvent de ces formes que je n'utilisais cette planche.
Et hop, une heure de frigo, afin de rafraîchir agréablement mon sandwich et de le laisser se compacter un peu.
• Le poids total de mon sandwich est impeccablement dans la moyenne : presque 190 g (le poids des sandwiches industriels varie de 165 à 230 g selon le nombre de triangles).
• Découpons pour obtenir nos triangles.
Première tentative avec un couteau sans dents super aiguisé : pas bien du tout ! Ça fait glisser le pain sur les ingrédients.
Avec un couteau à dents, c'est parfait. Couteau à pain ou à steak, aucune importance, ce qu'il faut c'est qu'il ait des dents.
Une petite pique en bois pour aider à tenir :
• Pour la générosité de l'aspect visuel : il n'y a pas photo !
Allez, pour emporter votre conviction, un dernier exemple, avec un de mes essais ultérieurs (absolument délicieux, là c'était l'extase : avocat, fromage, salade, petits dés de tomate, jambon de Paris, quelques lardons nature dégraissés et coupés menu, hot ketchup) :
Ce n'est pas pour être cruelle, mais que voulez-vous... Diriez-vous qu'il s'agit vraiment du même produit ?
Allez, une dernière petite démo pour finir en beauté ?
(Là je ne vous dis pas la marque, ce ne serait pas gentil, mais j'espère que vous saurez distinguer l'industriel du fait-maison !...)
Pain | Garniture | kcal/100 g | |
Daunat | 53 % | 47 % | 247 |
Sodebo | 48 % | 52 % | 261 |
Weight Watchers | 45 % | 55 % | 162 |
Mon sandwich fait à la maison | 27 % | 73 % | 210 ou 285 * |
* Selon l'option choisie pour tartiner le pain : Vache qui Rit allégée + moutarde mi-forte ou bien mayonnaise maison (750 kcal/100 g).
Voilà.
J'observe que mes sandwiches ne me font pas grossir. Ils me rassasient pour plusieurs heures, je n'ai aucune envie de grignotage dans l'après-midi si j'en ai mangé un pour le déjeuner, et puis surtout ils sont comblants : je les trouve divinement bons.
J'ai tout de même un dernier souci à résoudre : j'aimerais qu'ils ne débordent pas quand je les mange. J'ai trouvé plusieurs astuces pour cela, je vous les livrerai dans quelques jours (au fait, pardon pour une erreur de manip qui m'a fait publier le titre de cet article hier : le texte n'est pas encore écrit ! Mais les tests ont été faits, et j'ai donc quelques suggestions pratiques à vous exposer, je vais profiter de ce tranquille et long week-end pour les récapituler.)
A suivre donc, et bon week-end à vous !
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Je ne sais pas si vous connaissez les sandwichs vietnatmiens ou Bahn Mi mais ils sont délicieux. Je vous crois parisienne, et nous avons la chance à Paris de pouvoir manger ces petites merveilles issus du metissage de notre boulangerie avec la cuisinne asiatique. La touche de coriandre est irrésistible.