Thèmes cliquables : culino-déco - ustensiles - mayonnaise
Le contexte : l'autre jour, j'ai eu envie de goûter les spaghetti à l'encre de seiche.
Pensez ! A mon âge, n'avoir jamais pratiqué que le spaghetti blanc !... Ça m'a paru honteux de n'avoir jamais osé choisir, au rayon pâtes de ma grande surface, ce fascinant spaghetti de couleur :
Je m'en suis fait cuire un petit demi-paquet, pour ne pas mourir idiote :
Et j'ai admiré sans réserve.
C'était beau, noir, brillant :
Ensuite, hmmm... j'ai constaté que ça sentait un peu le poisson. Pas franchement dérangeant, mais pas non plus exagérément sexy.
Alors j'ai sorti ma poche à douille et du fromage allégé, pour faire un test de culino-déco tout en noyant le poisson par l'ajout d'autres saveurs.
Fromage balancé dans la poche. Tournicoti... Tournicotons... :
J'ai essayé plusieurs douilles.
Mon Dieu, tout me plaît tellement ! Je ne sais pas quoi choisir.
Je vais prendre ce que je préfère, un motif bien crénelé.
Allez, on attaque ! Je commence à presser, et le fromage sort :
Au début c'est maîtrisé, je dirais presque tout en élégance.
Et puis c'est plus fort que moi, je m'emballe et j'en fais trop. Avait-on vraiment besoin, pour faire beau, de cette grosse boule au sommet du monticule ? Je reconnais que ça écrase un peu le plat :
Tant pis allez, on va arranger, il suffit d'en faire encore plus :
Sans oublier le petit détail superflu qui signe définitivement le mauvait goût en décoration :
Fini, là ?...
Plaisant, ah là là oui ! Mais allez savoir pourquoi, ça me paraît encore un peu nu :
Je vais ajouter un peu d'huile d'olive et du ketchup.
Youpi ! Je trouve ça adorable, réjouissant :
(Attention, la boule !!! Oh non malheur, la boule se casse la figure !)
Après, j'ai goûté et c'était tellement bon ! Pas très beau mais je m'en fiche, j'ai rajouté encore du ketchup :
J'ai touillé, j'ai écrabouillé la boule, encore rajouté du ketchup et encore touillé.
C'était divin.
(Quand même pas très fana de la petite odeur de poisson, j'ai trouvé qu'il fallait bien tout cela pour la faire oublier.)
A présent, si cela vous intéresse, je vous présente techniquement les ustensiles qui m'apportent tant de plaisir.
Et surtout, je vous propose une comparaison entre ces deux ustensiles, pour vous montrer celui qui m'a enfin apporté le bonheur : c'est fou tout ce qu'on peut faire d'amusant avec ça ! Pour plaire aux enfants c'est génial, pour vous ridiculiser auprès de vos amis c'est encore mieux.
Voici la poche à douille que Camille m'a offerte il y a un ou deux ans.
La poche est faite de coton plastifié sur la face intérieure, et on lui adapte au choix une des 4 douilles livrées dans l'emballage :
Démarche indiscrète mais nécessaire, afin de réaliser ma comparaison d'aujourd'hui : je me rends à pas feutrés chez Monoprix pour constater que... cette magnifique poche à douille a coûté à mon enfant la somme exorbitante de 4,20 € ! (au moins deux semaines de ses ressources de l'époque ! Aïe, trop craquant).
Cette poche est spacieuse : on peut la remplir de 350 ml de crème si on laisse un bord libre de quelques centimètres en haut.
Mais parce qu'il est plus agréable d'avoir une marge confortable de tissu pour entortiller le haut de la poche en sorte de bien la refermer et d'exercer la poussée qui fait sortir la crème, je dirais que la remplir de 250 ml au maximum est plus recommandé.
La première fois que je m'en suis servie, c'était l'année dernière, pour faire un peu de culino-déco avec de la mayonnaise. Je voulais faire des tapas d'oeufs de caille sublimement décorés :
J'en conviens, on cherchait alors l'élégance et on la cherche toujours... Mais le maniement de la poche à douille exige un certain savoir-faire, pour ma défense.
C'était quand même très très bon. Ce que je voulais connaître par-dessus tout, c'est la sensation différente qu'offre sur la langue une mayo répartie partout en un filet fin sur votre bouchée. De ce côté-là, même si je reconnais que la déco a un peu péché, c'était très réussi.
Pour moi, la répartition des ingrédients dans une même bouchée est extrêmement importante, je trouve que c'est un incroyable facteur de plaisir. Cet essai des oeufs de caille m'a insufflé une envie durable de condiments répartis sur un mets par une douille.
Voici maintenant la seringue en inox avec 5 douilles sur laquelle j'ai flashé tout récemment.
C'est le genre de chose qu'on ne voit pas souvent chez les gens normaux. Pour moi, jusqu'ici, c'était un truc de pâtissier pour décorer les gâteaux d'anniversaire, ou un gadget pour vrai forcené de la cuisine. En fait, je n'en avais même jamais vu en vrai, je suis tombée dessus sur Internet et j'ai été scotchée.
Prix : 13,90 €, ce qui m'a semblé assez raisonnable compte tenu de son aspect luxueux...
Seringue en position pleine (ci-dessus) et vide (ci-dessous).
... mais également si l'on considère son caractère inusable et hygiénique : vous n'avez qu'à la mettre à la machine quand vous avez terminé vos petites opérations, et elle en ressort impeccable !
Alors qu'il faut bien reconnaître que la poche en plastique se dégrade et s'use avec le temps, outre qu'elle est assez fastidieuse à laver à la main. Franchement, quand je vois l'état de ma poche aujourd'hui – alors que je viens de la sortir censément propre du tiroir –, mon coeur de mère s'attendrit à la vue de cet adorable présent, mais mon estomac se révulse :
Comparez donc le clinquant irréprochable de l'inox au petit côté "bouffe moisie surtout n'y revenez pas" du plastique-tissu :
Vous choisiriez quoi, vous ?... Pour ma part, entre la version hi-tech qui brille et ma poche définitivement souillée, désolée mais en dépit de la valeur affective de la seconde, je ne balance pas un instant !
Ce sera elle, je n'y peux rien, c'est une merveille de petite beauté :
Elle contient beaucoup moins (trois à quatre fois moins) que la poche : environ 80.ml de crème ou de mayonnaise.
Mais à son avantage, il suffit de mettre le poussoir et de pousser : pas de tissu à tortiller ni rien à calculer, on remplit, et quand c'est fini on ouvre et on recharge. Je ne trouve ça ni long ni fastidieux, alors que remplir la longue poche m'ennuie.
En plus, avec la poche, ça en laisse plein sur les côtés, ça gaspille un peu. Et c'est mou aussi : remplir un truc mou, c'est bien plus ennuyeux et exigeant que remplir un truc rigide.
Ah, mais bonne nouvelle pour celle qui s'était attachée sentimentalement à sa poche à douille ! Le truc chouette qui sauve l'affaire, c'est que les douilles ont un format standard : du coup, les douilles de ma poche s'adaptent parfaitement à la seringue.
Super. Ainsi, je récupère avec joie une bonne partie de mon cadeau : 3 formes de douille (celles de la rangée du haut sur la photo ci-dessous) viennent s'ajouter aux 5 formes qu'on m'a livrées avec la seringue.
Il n'y avait qu'une seule forme de douille commune aux deux ustensiles – la forme la plus simple, un petit trou rond (c'est la forme de base, celle qui vous permet d'écrire "Joyeux anniversaire, vieille branche !" en beaux caractères italiques sur votre gâteau).
Reconsidérons les possibilités :
J'avoue que j'ai un faible pour les formes de douille proposées avec la seringue, elles sont plus extravagantes :
Vous voyez celle du milieu, ci-dessus ?
Avec cette douille-là notamment, j'ai fait d'incroyables découvertes de textures.
et une seringue déco à douille
• Là c'était une autre douille, mais j'ai essayé de mettre dans la seringue des morceaux d'avocat, pour voir ce que ça donnerait en pressant.
Mais vous savez qu'elle contient tout de même pas mal, cette seringue !
Je l'ai fourrée de la moitié d'un avocat de taille moyenne :
Et on presse :
Oh, dans un verre, tenez : est-ce que ce ne serait pas mignon ?
Mais si !!!
Et je l'ai goûté rien que tout seul, sans aucun additif. C'était délicieux, très étonnant.
J'adore l'avocat et j'en ai mangé sous toutes les textures possibles, mais celle-ci est nouvelle pour moi :
Evidemment, ça fuit un peu au bout de la seringue, mais on s'en moque : ce ne sera pas perdu pour tout le monde... (D'autant que, faut-il vous le rappeler, un bon cuisinier doit toujours goûter sa cuisine avant de la servir !)
Cet avocat pressé, ça m'a donné des tas d'idées de déco, de présentation, d'agrémentation de plats, c'est vraiment amusant. En fait, c'est mousseux tout en ayant du relief.
• Autre idée déco : la gelée pressée.
Facile à faire, tranquille, c'est joli et ça brille.
Un petit essai avec plusieurs douilles différentes :
Je sais, c'est du toc. Mais c'est beau :
• Le plus étonnant et le plus agréable de tout ce que j'ai essayé ?... De l'oeuf mayonnaise pressé à la seringue sur une tartine.
J'ai râpé grossièrement l'oeuf dur (grille assez fine mais sans m'appliquer) et je l'ai mélangé à une cuillerée de mayonnaise maison, toute fraîche :
Puis j'ai rempli la seringue, qui a réservé le meilleur accueil à l'intégralité de mon oeuf-mayo :
Quand j'ai pressé... ça a fait un prout surprenant, instantané et généreusement productif.
Je ne m'y attendais pas. C'est sorti en un gros flocon allongé et quasi sans fin, je me suis régalée à le disperser sur ma tartine grillée :
J'ai croqué. C'était réellement étonnant comme matière ! Ce mélange qui sort de la douille est aéré, gonflé et sculpté à la fois.
C'était déjà surprenant avec l'avocat (pas assaisonné). Là, c'est vraiment exquis. Super agréable. D'autant que ma mayo était délicieuse.
1) Ne faites pas les déco trop longtemps à l'avance, surtout si elles sont à base de mayonnaise ou de fromage crémeux :
Ça, c'est un nouvel essai d'oeufs de caille réalisé vers l'heure du déjeuner, et que j'avais trouvé assez mignon pour renoncer à l'engouffrer sur-le-champ en égoïste. Je l'avais gardé pour notre apéro du soir avec Jacques.
Au début je pensais ne faire que deux élégants tas de mayo. Puis j'ai trouvé irrésistible la petite tentation "traiteur cucul" : ponctuer chaque oeuf d'une goutte précieuse de mayo sculptée.
Ultra facile à faire !!! Une minuscule pression et j'ai ma petite goutte harmonieuse, toute jolie.
Franchement, aussi peu d'efforts pour un tel résultat... qu'en dites-vous ?
Hélas, six ou sept heures d'attente au frigo ont finalement transformé ces ravissantes petites choses fraîches...
... en bizarreries desséchées et plastifiées. Délicieuses encore, mais moches :
2) Attention : n'oubliez pas de vous assurer de la bonne fermeture de la bague qui fixe la douille !
Le mécanisme ressemble à celui des boules à thé les plus communes qu'on trouve en supermarché. Personnellement, je ne raffole pas, je préfère un système de vissage. Mais je reconnais que l'encoche (cf. ci-dessous), c'est mieux pour éviter la corrosion ou l'usure, et que si l'on s'en sert correctement, c'est vraiment parfait.
Les deux premières fois, j'avais dû vouloir aller trop vite, ce n'était pas bien fixé.
J'avais surtout prêté attention à l'autre côté (celui du poussoir) :
Tout s'est défait quand j'ai pressé, le fromage a jailli et j'ai été furieuse :
D'autant que ça ne veut absolument pas rentrer par là où c'est sorti :
3) Si vous avez la chance d'avoir un goupillon de nettoyage (NB - il n'est pas livré avec la seringue : celui-là je l'ai eu avec ma poire à jus), c'est très utile pour nettoyer vos douilles et votre seringue sous le robinet, mais surtout ayez un geste modéré ! Si par excès de zèle vous frottez en enfonçant jusqu'à sortir la touffe de la douille, là encore vous aurez bien du mal à l'y faire re-rentrer.
J'ai réussi à la faire repénétrer dans le petit trou à rebrousse-poil, mais il m'a fallu pas mal de savon et beaucoup de patience : pire que d'extraire une bague de fiançailles d'un doigt boudiné par des décennies de bonheur conjugal !
Pourquoi n'ai-je pas fait sortir le goupillon par le petit bout, en poursuivant tout simplement le mouvement, me dites-vous ?...
Mais parce que l'anneau qui termine le manche ne passait pas par le petit trou de la douille, et que cet anneau j'y tiens ! Il me permet de suspendre mon goupillon et de le saisir agréablement par l'extrémité du manche. (Eh oui, que voulez-vous, la vie est faite de menus détails...)
4) Attention, enfin, vraiment attention au point le plus crucial : ne jamais égarer la pièce maîtresse de votre seringue, j'ai nommé la bague !
Elle est petite... mais sans elle on ne peut plus fixer la douille, et alors on n'a plus que ses yeux pour pleurer.
Elle est petite... donc on a vite fait de la flanquer à la poubelle entre deux épluchures, sans même s'en apercevoir.
Ma nouvelle règle d'or : je la mets avec les douilles dans le panier à couverts de ma machine, et dès que je l'en sors propre, je la refixe immédiatement sur la seringue.
Cette règle d'or est le fruit d'un désagréable souvenir : je repense ici à la bonne leçon que j'ai reçue le jour même où ma seringue est entrée dans la maison. Après l'avoir utilisée et lavée pour la première fois, je l'avais laissée n'importe où avec les douilles... et patatras, alors que je m'apprêtais à essayer l'avocat en seringue, elle avait disparu !
J'ai mis dix bonnes minutes à la retrouver, j'ai vraiment flippé (un véritable petit désespoir) et je n'ai jamais dit autant de gros mots de ma vie.
Mais cet incident-là, maintenant, ne risque plus de m'arriver. Une bague est faite pour être scotchée en permanence à sa seringue : pas question d'union libre en ce qui les concerne, c'est définitivement mon principe !
Je vous souhaite de bonnes décorations culinaires à vous aussi... Même quand elles sont foireuses, c'est vraiment amusant.
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PS. Pour ceux qui voudraient cette belle seringue (petite dédicace à votre intention, Annie), voici la boutique Internet où vous pouvez vous la procurer : seringue en inox avec 5 douilles.
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un article très complet et intéressant... moi j'avais acheté un "pistolet à biscuits" avec aussi des douilles, je n'ai jamais réussi à l'utiliser! (dès que la pâte à pousser était un tant soit peu épaisse, ça ne passait plus) peut-être qu'une simple seringue serait plus efficace...