Thèmes cliquables : cuisine à la poêle - enfants - dessert - cuisine de fête
Le contexte : oubli fatal !
Le soir de la Chandeleur, Camille s'écrie gaiement.: "Eh maman, t'avais dit que tu ferais des crêpes pour la Chandeleur.!"
Arffff, je me frappe le front, pas la moindre crêpe n'est sur le point de grésiller dans la crêpière, j'avais oublié ma promesse, le calendrier, tout.
Et même pas la peine de regarder dans la cuisine pour savoir qu'on n'avait ni lait ni oeufs.
"J'ai de la farine et du sucre, avec de l'eau et plein de rhum, ça pourrait passer.?" ai-je aimablement proposé.
— Nan, j'veux des crêpes normales.! OK alors on remet à demain, mais cette fois promets-moi que t'oublies pas.!
Le lendemain matin (un mercredi) je n'ai pas oublié d'acheter des oeufs et du lait, mais diverses activités urgentes m'ont menée doucement à l'heure fatidique du goûter et à l'impérieux "eeeeh maman, t'avais dit que tu ferais des crêpes pour le goûter !"
Cette fois, pas d'excuse.! On les fera ces fichues crêpes.
Enfant, j'ai aimé les crêpes comme il n'est pas permis. Je les mangeais par 20, je ne pouvais pas supporter la frustration de n'en manger... que 10 ou 12. Une vraie ogresse. Je mettais juste un peu de sucre pour ne pas masquer la saveur typique et sublime des crêpes et je les roulais, ou je les pliais en éventail, puis savourais chaque bouchée avec intensité. C'étaient celles de maman, excellentes évidemment.
Plus tard, je m'y suis mise moi-même : j'ai étudié la fluidité de la pâte pour obtenir les crêpes les plus fines possible, j'ai ajouté un peu de vanille à la pâte, dosé le rhum, essayé l'eau de fleur d'oranger...
Jusqu'à ce très récent mercredi 9.février 2005, je considérais que la finesse de la crêpe et l'aromatisation de la pâte étaient les seuls paramètres à tenter d'améliorer sans cesse pour obtenir des crêpes sans cesse meilleures.
Quelle méprise.!
Souvent, j'apprends en faisant des erreurs. Là, c'est le contraire qui s'est produit.
Pressée par le temps donc car il était déjà l'heure du goûter, j'ai farfouillé dans mes affaires où j'avais noté une recette de pâte à crêpes. Pourquoi l'avais-je notée, allez-vous me dire, alors que je possédais la délicieuse recette de ma maman, littéralement incrustée dans mon cerveau.?
Parce que ça se passait chez Robuchon ("Bon appétit bien sûr", sur France 3), parce que la recette émanait de Jean-André Charial (chef du sublime restaurant l'Oustau de Baumanière – 2.étoiles Michelin – aux Baux de Provence, où j'espère bien aller déjeuner par un beau jour de printemps car l'endroit est absolument magnifique), et surtout parce que, selon M..Charial, cette recette autorise la réalisation immédiate des crêpes.: nul besoin de laisser reposer la pâte. Vu l'heure et l'impatience de Camille, c'était ce qu'il fallait.
La pâte à crêpes de Jean-André CHARIAL
Pour 8 grandes crêpes (crêpière de 28 cm de diamètre) ou 12 petites :
- 1/4 de litre de lait [edit - 7/02/2010 : demi-écrémé, le lait !!! Avec du lait entier, à tous les coups vous aurez des crêpes trop grasses.]
- 60 g de beurre
- 3 oeufs
- 125 g de farine
- 20 g de sucre semoule
- 1 pincée de sel
- arômes selon votre goût : vanille, rhum, eau de fleur d'oranger, etc.
• Chauffer ensemble le lait et le beurre dans une casserole.
• Dès que le beurre est fondu, retirer la casserole de la plaque de cuisson, et laisser tiédir-refroidir (moi je n'avais pas le temps d'attendre, donc j'ai enchaîné assez vite, et avec un grand succès je dois dire. Mais un autre essai m'a démontré qu'il faut tout de même laisser tiédir vraiment, sinon quand c'est encore chaud ça prend trop fort, comme une béchamel).
• Battre les 3.oeufs avec une fourchette.
• Mettre la farine en fontaine dans un récipient, ajouter dans le puits les oeufs battus, 20.g de sucre semoule, 1.pincée de sel, et mélanger à l'aide d'un fouet. Ajouter ce qu'on veut pour parfumer la pâte : un filet d'extrait naturel de vanille, un peu de rhum, de l'eau de fleur d'oranger... (à ce stade, j'ai ajouté un filet d'extrait naturel de vanille – ajout sublime – et un peu de rhum... Mais ici, toutes les inspirations sont possibles).
• Incorporer le mélange lait-beurre petit à petit tout en fouettant énergiquement.
La pâte est prête. Si elle vous semble un peu épaisse, ajouter un peu de lait et rebattre.
———
Attention : la phrase ci-dessus ne compte pas pour du beurre ! Ouvrez l'oeil et dosez votre lait.! Si votre pâte est épaisse, ça veut dire que votre farine "boit" beaucoup, et alors il suffit d'ajouter un peu de lait, voire d'eau, voire encore de bière, pour obtenir la pâte idéalement légère qui vous donnera une crêpe d'exception et non pas les galettes farineuses et lourdes qu'on a pu me décrire (scandale !).
Qu'on se le tienne pour dit : avec cette recette, si la crêpe n'est pas merveilleuse, ce sera uniquement de la faute du cuisinier !
———
Vous voulez la recette en images.? Allons-y donc.!
Lait et beurre sur feu moyen :
C'est fondu. Je retire et je laisse refroidir.
Je mélange les oeufs battus et la farine :
J'ajoute les "bricoles" (sucre, sel, vanille, rhum), puis le lait-beurre (de préférence tout juste tiède).
"Fouettage" énergique, et c'est prêt.
La pâte est fluide.
On fait chauffer la crêpière ?
Ça y est, elle est bien chaude. Je la barbouille de beurre. Et hop, une petite louche de pâte.
Hum, celle-ci sera un peu épaisse.:
Mais pas ratée.! D'habitude je rate la première, cette fois-ci aucun problème.
La deuxième est toujours mieux, j'ai rajouté une goutte de lait entre-temps :
Camille les a trouvées délicieuses.
Moi aussi.: sans mentir, les meilleures de ma vie.
PS - Quel est l'intérêt, M..Tefal, de quadriller vos crêpières ? Voyez le résultat : la crêpe est vilaine.
Cette crêpière quadrillée, je l'ai réaffectée à d'autres tâches, et je me suis racheté une belle crêpière neuve toute lisse.
Voyez le résultat. C'est autrement plus joli, non ?
Le soir, Jacques a mangé les deux qui restaient. Pour une fois je n'ai pas eu à solliciter un commentaire de sa part, il s'est extasié spontanément : "Ouh, elles sont bonnes.!" et même avec des détails circonstanciés qui d'ordinaire sont rares : "Nan mais sans blague, elles sont vachement bonnes.! C'est la pâte qui est bonne, c'est dingue, c'est vachement bon.!"
Plus son vocabulaire est rudimentaire, plus je sais que le plat est réussi.: j'ai touché ses sens, aucun doute là-dessus.!
Maintenant, les crêpes chez nous auront la Charial touch.
Des crêpes encore meilleures que celles de maman, j'aurais pourtant cru que c'était impossible... :-)
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Des crèpes fines minute, j'en rêve depuis des années ! C'est noté, je m'y mets ce soir... Miam, miam !!!
Miam a encore frappé !!!
Merci Miam !
PS : Je me tromps ou tes photos sont un peu floues cette fois ???