Thèmes cliquables : procédé culinaire - astuces cuisine - goût
De toutes les personnes que je connais, c'est moi qui lis le plus de magazines pour mémère.
J'ai notamment du mal à cacher mes penchants quand je me trouve dans une salle d'attente. Entre Vogue, Le Monde littéraire, un beau livre sur Gauguin et 60.millions de consommateurs, devinez ce que je choisis.?
Pire.: s'il n'y a pas 60.millions de consommateurs, je prends Auto Plus.
Mémère sans doute, mais mémère avertie. Car grâce à cette presse, j'apprends des tas de choses intéressantes.
Il faut vraiment l'avoir expérimentée pour apprécier la sensation de liberté et de savoir-faire que donne cette littérature axée sur la vie quotidienne.: ce côté concret — que l'on peut considérer au ras des pâquerettes — de la vie pratique. Par-dessus tout, dans cet océan de praticité qui regorge de secrets croustillants, j'adore les échanges d'astuces de bonne femme. Des astuces du genre de celles que publie Femme Actuelle.
Femme Actuelle représente une certaine idée de l'anti-glamour pour la plupart des gens normaux. Pour moi c'est la quintessence de l'orgasme liseur, c'est tout simplement la Vie avec un grand V. En fait, sans exagérer, j'estime que c'est la Vie avec un grand V de la Femme avec un grand F.
J'ai ainsi acheté il y a deux ou trois ans le hors-série de Femme Actuelle intitulé.: "750.trucs et astuces super utiles". Comment voulez-vous résister à un titre pareil.? (Déjà, 100 trucs, j'aurais acheté... alors 750.!)
Le "truc" dont j'entends vous parler aujourd'hui est directement extrait de ce numéro hors-série. Tâchons de remettre la main sur le texte original.
Après 15.mn de recherche dans mes archives mémère qui se trouvent dans "la plus petite pièce" de mon aimable logis, je suis enfin retombée sur le numéro en question.:
Janvier 2003, déjà.!... Incroyable comme le temps file.
Autant vous dire que depuis 2003, ce numéro avait totalement disparu sous un fatras d'autres publications à caractère pratique (ou philosophique, car je tiens à ce que nous lisions également du Descartes ou la couverture du DVD de Véronique et Davina, Y'a d' la gym, y'a d' la joie.! lorsque nous siégeons).
Je feuillette un moment. Aaah, voilà, page.88.:
"La senteur du caféAdmirable rédaction, dans le style.: "J'ai pas grand-chose à dire mais je le dis et ça prend de la place.!"
Qu'elle est agréable l'odeur du café.! Elle seule parvient à nous tirer du lit. Et en ajoutant un grain de gros sel dans sa mouture, on y gagne encore en senteur et en arôme. Pas de quoi s'en priver.!
D'accord, c'est ronflant par rapport à l'importance de l'information que ça véhicule, mais cela m'apprend des choses. Et de fait, c'est bien grâce à Femme Actuelle que ce jour de janvier 2003 où je jouais les majestés sur ma chaise percée, j'ai prévu de saler mon café du lendemain.
Le soir même, je préparais le café en question pour le matin suivant.
N'étant toujours pas convaincue par les modernes cafetières Nespresso dont le café me semble à peu près aussi fort que de la pisse de mouche (mais oui, même le café issu de la capsule vert foncé, désolée.!), j'ai toujours ma vieille cafetière à moi, une brave Philips familiale que j'alimente avec du brave café "Carte noire".:
Je fais le café la veille car sinon, préparé du jour même, je le trouve âcre et il me donne mal au coeur.
Alors que le café de la veille réchauffé au micro-ondes, je suis addict.
Et soigneusement touillé avec un Canderel, là je me pâme.
Donc, j'en ai mis.:
• deux grains le premier jour...
• Puis trois grains le deuxième jour...
• Puis quatre grains le troisième jour...
... et au fil des jours, appréciant le résultat en dégustant mon café du matin, je me suis enhardie.:
... jusqu'à l'excès.:
Aujourd'hui, au terme de trois ans de salage crescendo, decrescendo et enfin mezzo, je dirais que quelques grains suffisent.: ni trop ni trop peu... deux ou trois grains de gros sel par tasse me paraissent le dosage idéal (pour la quinzaine de tasses que je prépare en général, je mets une petite pincée qui représente une trentaine/quarantaine de grains de toutes tailles y compris minuscules, et ça me semble parfait).
Bon mais qu'est ce que ça apporte, ce sel dans le café, en fin de compte.?
• Est-ce que cela renforce réellement le goût.?... Pfff, ça je ne sais pas, c'est difficile à dire.
• En fait, je dirais que cela diminue l'âcreté, plus qu'autre chose. Réellement, le café est plus doux, plus agréable... Et quand on aime le café fort comme moi, une certaine douceur qui se profile derrière la puissance est très appréciable. Le café n'est plus agressif, il est juste fort.
Donc je vote "oui" (et même "oui oui oui.!") pour quelques grains de sel dans la mouture du café.
Une leçon de décontraction à base de café
Aux derniers jours de l'été dernier, c'était en septembre et il faisait très chaud, Jacques m'a épatée. Quand je pense au café, je repense à cela.
On avait rendez-vous tous les deux.
M'étant installée et ayant attendu quelques instants, je le vois arriver de loin. Entre les costards sombres qui fleurissent sur les trottoirs parisiens à cette heure-là, Jacques flamboie littéralement.: il se dirige vers moi en short, lunettes de soleil et panama blanc, bref, dans un accoutrement intermédiaire entre le maquereau de la Riviera et l'épouvantail à moineaux qu'on voit dans les vergers.
J'en déduis qu'à 14.heures à peine, il estime déjà sa journée de travail terminée. Très bien. J'applaudis in petto car cela nous promet un moment tout à fait relaxant, vu que j'ai aussi décidé de sécher les heures de travail qui m'attendent.
Mais qu'aperçois-je alors.?
A mesure que sa silhouette s'approche, j'ai le regard irrésistiblement attiré vers l'endroit où Jacques entrepose ses organes reproducteurs.
Une immense gerbe, une flaque, appelez ça comme vous voulez, un affreux éventail de gouttelettes brunes s'étale sur une surface à peu près égale à un numéro de Femme Actuelle grand ouvert... et étalé pile poil sur l'endroit critique. C'est-à-dire que mon pauvre Jacques est constellé d'une poche à l'autre, et du bas de la chemise au haut des cuisses.
Affligée pour lui, je me précipite.:
— Oh mon pauvre chéri, tu n'as pas eu le temps de passer par la maison te changer.?
— Ben si.! J'y étais à la maison.
— Euh non je voulais dire... depuis ça, tu n'as pas eu le temps de....?
— Ben j'y étais, je te dis.! J'ai cogné ma tasse en voulant la réchauffer dans le micro-ondes et je m'en suis foutu partout.
(Stupeur de ma part.)
— Mon Dieu !... Je t'en prie, tu n'es quand même pas en train de me dire que tu te trouvais... à 50.cm d'un pantalon propre et que ça ne t'a pas donné la plus petite idée de... aucune idée d'un comportement indiqué... enfin, aucune idée de rien du tout.???
Moi, sous le choc. Lui, placide, il fume son cigare et a l'air content.
— Ouais si, c'est ça, j'ai eu la flemme.
Consternée, je regarde son avant-scène inconcevablement maculé. Et je réalise qu'on est en plein dans notre quartier, c'est-à-dire un quartier où on ne peut pas faire un mètre sans croiser un collègue, un parent d'élève, un(e) ami(e). Se déplacer incognito, ici, c'est tout à fait impossible.
Alarmée, je demande.:
— J'espère au moins que tu n'as rencontré personne de connaissance, dans ce triste état.?
— Tu parles ! Bien sûr que si. J'en ai croisé plein.
— Hein ? (Désespoir.) Et mon standing alors.!... Tu y penses un peu à mon standing.?
Expression vague du maquereau.:
— Euh... pas souvent, je t'avoue.
Il finit quand même par comprendre que son comportement a quelque chose d'invraisemblable. D'où ces encouragements, en fin de compte :
— Mais allez, quoi... Tu n'as qu'à t'en foutre, me dit-il.
(Il est fou, lui.? Je repense à la chanson de Nicole Croisille.: "je me suis enfin sentie femme, feeeemmme, une feeeeemme, avec toooiiii").
— Comment veux-tu que je m'en foute.? Tu te comportes comme un cochon, je t'aime donc j'aime un cochon, j'aime un cochon donc je suis une petite truie. Voilà, je me sens une truuiiiie avec toiiii.
Toujours aussi placide.:
— Bah mais arrête, on voit bien que c'est du café de toute façon.! Allez quoi, c'est quand même pas un drame... (et à titre de consolation.:) Flippe pas comme ça, si je m'étais assis dans une bassine de Nutella, bon là... je me serais peut-être changé.
Le "peut-être" m'a définitivement terrassée, j'ai éclaté de rire. De découragement certes, mais je reconnais que ce jour-là, dans toute cette splendeur du "je croise des gens avec la façade ravagée et je m'en fous", il a plutôt encore gagné en séduction à mes yeux. Quand j'ai besoin de relativiser des contraintes qu'au fond de moi je trouve exagérément impérieuses, je repense à ça et ça me décoince.
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Ma chère Caroline,
Content de voir que tu as pu libérer assez de temps pour nous gratifier - il n'y a pas d'autre mot - d'une autre de tes perles d'humour et de finesse. Alors hihihihihi avec 5 hi, oui, ce n'est pas trop. J'ai beaucoup ri.¨Pour le café, j'essayerai.
Je t'embrasse - ton Toto