Thèmes cliquables : Fureur des Vivres - légumes - panais
Le panais a un talent caché. Il peut apporter l'extase aux femmes.
Voilà au moins un motif valable pour lutter contre la quasi-disparition du panais !
Mais ici, oubliez votre assiette... et songez uniquement douceur et beauté.
Commençons par cette triste nouvelle. Quand règne au dehors une température moyenne inférieure à 8.°C, ma peau devient atroce : desséchée, fripée, dématelassée (description un tantinet exagérée, mais il faut bien que je vous intéresse à mon cas, pour vous intéresser à mon remède).
L'important à retenir, c'est que la saison froide agresse le doux épiderme des dames : toutes celles qui ont un visage à embellir au quotidien vous le diront.
Sauf que... ouf ! Par un miracle de synchronisme heureusement assez fréquent dans la nature, cette même saison froide nous procure le remède parfait aux atteintes qu'elle nous porte.
Quel remède ? Le panais.
Dans le panais, la partie la plus fine est la moins bonne à manger. A l'avance, j'aurais plus volontiers imaginé le contraire, mais maintenant que j'ai goûté, je vous l'affirme : le meilleur à manger réside dans la partie dodue.
La longue extrémité du panais, longue, longue, tellement longue qu'elle dépasse parfois les 25.cm (d'un matériau vraiment pas très savoureux, j'insiste), cette chose longue vous barbait, mesdames. Vous la trouviez peu suave, en comparaison de la partie la plus charnue de votre légume. Et vous la jetiez comme moi à la poubelle... Eh bien cessez désormais ce gâchis, car si la partie effilée du panais n'est pas digne d'être piquée sur une fourchette pour franchir vos lèvres, apprenez qu'une fois bien mixée elle rendra un fier service à votre peau ! J'avais vu quelque part que le panais avait des propriétés intéressantes pour la peau. A partir de là, interrogation : de quelle façon peut-on en bénéficier ?
Usage interne ou externe ?
A ce jour, en ayant mangé plusieurs fois dans la semaine, je n'ai rien observé de significatif.
Soit. Tentons donc le tartinage, je vais m'en écraser quelques morceaux (cuits à la vapeur en 10 à 12 minutes) et me les mettre sur le visage.
Pas le courage de sortir le mixeur, je me contente d'une purée manuelle.
J'ajoute un peu d'huile d'olive sinon ça ne va pas adhérer. Mais j'en mets le moins possible, sinon je ne saurai pas si c'est le panais ou l'huile d'olive qui a agi.
Ça me paraît OK, je remplis un petit pot de ce masque :
Et je procède. Je commence par le nez et j'étale.
Ça n'adhère pas très bien. C'est le principal souci. Je suis obligée d'en mettre une grosse épaisseur. Et j'ai beau plaquer fermement avec la paume de la main, je sens que ça ne tient pas aussi bien qu'une pommade.
J'en étale des quantités. Heureusement, j'ai pris mes précautions. Un tee-shirt spécial gros travaux, et comme je ne veux pas m'en mettre partout dans les cheveux, j'ai ressorti ce bonnet de douche que j'avais acheté il y a deux ans pour enfermer le traitement anti-poux de ma fille :
(Même si je l'ai bien lavé depuis, c'est psychologiquement désagréable de se mettre ça sur la tête.)
Ça y est, c'est fini, je suis couverte de purée de panais.
Je me regarde en me prenant en photo. mmm... joli. On dirait un morse et j'ai le nez bouché.
Drrrrriiiiiiiiiiiiinng !!!... Tout d'un coup, mon coeur se décroche dans ma poitrine : hurlement de l'interphone. (Un de ces jours, j'aurai une crise cardiaque, c'est inhumain de régler ces appareils à un volume pareil.)
Un quart de seconde pour réfléchir.
1) Je ne suis pas montrable.
2) Qui ça peut être ?
Réponse évidente : mon facteur. J'attends plein de bouquins d'Amazon.
Pour moi, hors de question d'aller lanterner demain au guichet de la Poste pour les récupérer — huit guichets dont seulement deux pourvus d'un préposé, et les deux seuls préposés à l'oeuvre bavardant sans relâche avec leurs collègues de l'arrière-salle pendant que trois douzaines de patients attendent, sagement alignés, avec leur canne, leurs soupirs, leur caniche, leurs gosses en bas âge qui s'impatientent et leurs odeurs de chewing-gum ou de dessous de bras : moi, ça, je ne peux plus.
Alors je réponds à l'interphone. De toute façon, j'ai un petit système bien réglé avec mon facteur, il ne me verra pas.
— Oui ?
— C'est UPS.
— Ah non, ça m'étonnerait.
— Ben si, c'est UPS.
— Ah très bien, mais alors ce ne doit pas être moi, voudriez-vous vérifier le nom ?
Il me dit le nom : c'est le mien.
— Mais ça vient d'où, voyons ? Je n'attends strictement rien d'UPS aujourd'hui.
— Apple.
— Non, vous rigolez ? J'ai commandé seulement hier ou avant-hier, ça ne peut pas être déjà ça ? (A moins qu'Apple ne soit devenu beaucoup plus rapide en vente qu'en après-vente, oh les peaux de vache.)
Gloussement commercial de mon interlocuteur :
— Si si, c'est ça ! Avec UPS, c'est quasi arrivé avant d'être parti.
— Oh c'est merveilleux, mais là, aïe... Bon, disons que vous n'aurez qu'à revenir... quand je serai là ?
(Comme vous voyez, ce n'est pas dans l'urgence que je donne mon meilleur.)
Une seconde de silence, puis :
— Euh, sauf si je suis fou, vous êtes là. Quel étage ?
— Ah oh vraiment désolée, le problème c'est que... que... En fait, c'est plutôt compliqué à vous expliquer. Oh s'il vous plaît, mettez simplement le paquet dans l'ascenseur et envoyez-le à mon étage !
— Ben non, faut que je monte, j'ai besoin de votre signature.
— Mon Dieu, oh là là mais pas de souci : si ce n'est que cela, signez à ma place !
— Ah non, pas question, je ne fais pas ça moi.
Là-dessus, désespérée, je sens mes croûtes de panais qui commencent à glisser de mes joues. Je me replâtre comme je peux, j'en ai plein la main droite (celle qui est censée signer).
Je piaille :
— S'il vous plaît, monsieur ! Vous savez, moi, je fais ces choses-là tout le temps, faites-moi confiance, je pratique ça 24.h/24. Tout le monde imite ma signature et ça ne me gêne pas du tout !
— Ah, vous êtes bizarre vous.
— Mais pas du tout, monsieur, je suis moderne ! Tenez, même avec la Poste je fais ça tout le temps ! Jamais le facteur ne monte jusqu'ici, il me balance les paquets dans l'ascenseur. Et y compris les trucs avec signature !
— Ouais, d'accord, mais ça c'est la Poste. Nous on fait pas ça chez UPS.
— Allez pitié, quoi, vous n'avez qu'à mettre mes initiales ! Ou même une croix, tenez ! Mettez juste une croix, ça me va.
— Désolé c'est impossible, vous devez signer ou refuser le colis.
— Oh flûte ! Bon, je m'en fous, tant pis pour vous. Je vous ouvre.
La porte de l'ascenseur a coulissé. J'ai vu un homme avec un paquet dans les mains, spectacle somme toute ordinaire, qui m'a fort logiquement laissée de marbre. Mais ce jour-là, en plein Paris, il paraît qu'un employé d'UPS a failli mourir d'effroi en tombant nez à nez avec une créature épouvantable au sortir d'un ascenseur. (Il faut dire que je m'étais mise tout près de la porte, pour qu'il me voie tout de suite, j'avais pensé que ce serait mieux pour ne pas le surprendre à retardement. Manifestement, mauvais choix.)
Il a poussé un cri en vaguelettes (AaahAaahAaah...), les yeux hors de la tête et les bras convulsés. Il a eu tellement peur qu'il m'en a fait peur à moi, ce corniaud. Et aussi aux voisins sûrement, merci pour la honte. Du coup, je l'ai réprimandé vertement :
— Ben quoi, à votre âge, vous n'avez jamais vu de films d'horreur ?
— Euh... si, merci, mais pas pendant le service.
— Navrée de vous effrayer, c'est un masque de beauté.
Il a grimacé au mot "beauté", premier affront.
Dans sa confusion, il m'a tendu son terminal à la place du paquet.
Puis il s'est rendu compte qu'un bout de masque que je venais de replaquer sur ma joue était en train de lâcher prise. Ce qui a immédiatement déclenché le deuxième affront :
— Euh... vous essayerez de ne pas en mettre sur mon terminal ?
Empêtrée, irritée, j'ai abandonné ma joue pour me consacrer au terminal, et avec la tête du bic bien serré dans ma main droite couverte de panais, j'ai largué une signature informe sur son terminal trop lourd qui glissait de ma main gauche, tout en râlant :
— Eh, je fais ce que je peux, mon bon !
Et là, le morceau de panais s'est détaché de ma joue sans que je puisse rien y faire.
Ce pignouf m'a arraché le terminal des mains de sorte que, au lieu de tomber sur le terminal, le panais a fait "floc" sur ma chaussure.
Croyez-vous que mon livreur de luxe aurait eu la politesse de racler le panais sur ma chaussure, d'un galant coup de terminal ? Que nenni ! Il a foncé dans l'ascenseur et appuyé frénétiquement sur le bouton "RC". Clôturant notre entrevue sur ce troisième affront.
Je vous jure qu'il n'y avait pourtant pas de quoi !
Si, dites-vous ?
Hier j'ai montré cette photo à ma fille :
— Tu me reconnais ?
— Oh super, un jambon-purée ! Je ne reconnais que ta bouche. Le reste, c'est bizarre, c'est tout carré, on dirait un carré de jambon.
... Quatrième affront, mais je commence à me dire que dans la vie, pour être heureux, il faut peut-être savoir s'arrêter de compter.
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Pour info :
1) Est-ce efficace ? Oui, indéniablement. Peau plus douce, plus nourrie, gonflée. Incomparablement mieux que ce que j'obtiens avec du "cold cream" (un truc pour les peaux très sèches, qui laisse comme un film gras sur la peau).
L'effet dure deux jours, pour 10 ou 15 mn de traitement avant rinçage à l'eau claire.
2) Quelle est la bonne méthode ? Définitivement, le mixeur. Oubliez la purée à la fourchette, surtout mixez bien !
Et ajoutez une petite rasade d'huile d'olive (et/ou pourquoi pas une cuillerée de crème fraîche, parfait aussi.)
Quand le mélange est mixé, il est très facile à appliquer : même pas besoin de bonnet de douche ni d'habit de protection, ça adhère bien, et ensuite ça se conserve dans un pot au réfrigérateur pour une prochaine application.
3) Le premier commentaire ci-dessous, de Débo, me fait réaliser que j'ai oublié de vous parler de l'odeur persistante du masque après le rinçage (vous savez, la petite odeur fraîche qui vous entoure pendant deux ou trois heures, au moindre mouvement de la tête ou à la moindre inspiration profonde) : je l'ai trouvée très très agréable dans le cas du panais. Même plus que dans le cas de mon masque jusqu'alors préféré : fraise, banane, crème fraîche.
Le tout, c'est de veiller à éviter les excès d'huile d'olive ou de crème fraîche, qui fixent parfois désagréablement les odeurs. Pensez-y bien si vous vous appliquez du céleri, du poivron ou des trucs qui puent le putois.
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J'ai déjà testé l'avocat en masque, le peeling gros sel/huile d'olive/citron mais le panais, je n'y aurai jamais pensé !!
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