Thèmes cliquables : conso - vins - poulet - ailes de poulet - chicken wings - cuisine au four - cuisine épicée - cuisine pimentée
Guillaume Lapaque a eu l'idée d'une opération estivale pour faire connaître davantage une production typiquement française mais un peu méconnue (y compris de moi) : le Chinon rosé.
Grâce à quoi j'ai reçu deux bouteilles de ce nectar par la poste.
A moi délicatement envoyées par le Syndicat des Vins de Chinon. Que je remercie !
C'est un vin issu du domaine de la Noblaie — que je remercie itou !
Prière de regarder la goutte sur l'étiquette : c'est le genre de petite poésie que j'adore.
La goutte est découpée dans le papier, et quand on soulève la bouteille à contre-jour on voit la couleur du vin scintiller en transparence au milieu de l'étiquette. Déjà enivrant... ;-)
Mes goûts pour les vins sont à peu près le contraire de ce que m'évoque le cabernet : j'ai horreur du sucré (même si j'aime le porto), il m'arrive certes d'aimer certains vins blancs moelleux de Gironde comme le Cérons parce qu'il a un goût vraiment terrible et n'est pas seulement sucré... mais, pour me résumer : ma passion, en matière de vins, est quasi exclusivement centrée sur le champagne et le bourgogne blanc à base de chardonnay. Très légèrement fruité, je peux admettre, mais pas plus.
Je me souviens notamment avoir détesté il y a quelques années un cabernet d'Anjou et un rosé de Touraine que j'avais achetés comme ça, pour goûter, parce qu'il n'y avait pas de Bandol rosé sur les étagères de mon Monoprix : finir ces bouteilles m'a pris beaucoup de temps, une véritable punition. C'était une sorte de cauchemar sucré.
Ici, c'est écrit : Cabernet Franc. Vous en pensez quoi ? Est-ce que ce sera différent de ces vins qui m'ont si défavorablement impressionnée dans le passé ?
Servons-nous donc un verre :
Mmmm, joli.
Je ne raffole pas des rosés foncés — comme souvent les femmes, j'aime mieux les robes claires des Bandol rosés qui constituent l'essentiel de ma consommation de vin rosé. A l'extrême, je suis rebutée d'emblée par la couleur du rosé des Riceys — mais je me promets de le goûter un jour, au cas où un gracieux corps se dissimulerait sous cette lourde robe...
Revenons à notre joli domaine de la Noblaie :
J'adore le reflet, la couleur est certes soutenue, mais belle et agréable. Franche, puissante, mais très transparente. Elle ne m'évoque pas du tout ces rosés du Sud trop foncés, que je crains tant : ceux qui donnent un plaisir fugace durant le pique-nique au soleil avant de vous aplatir d'un grand coup sur la tête, avec à la clé une sieste foireuse et un de ces réveils qui vous donnent envie de mourir.
Très joli, vraiment :
Bien sûr, je vais d'abord le goûter tout seul, pour voir.
Mais sinon, avec quoi on le boit, d'habitude ?
Ah très bien, les indications au dos ! C'est utile :
Je trempe mes lèvres au coin du verre. Je remarque qu'il est assez gras, il nappe les parois du verre.
Très agréable surprise : il n'est pas du tout sucrailleux ! Fruité, oui, mais pas plus. Assez complexe, je n'y connais rien en vins mais je dirais qu'il y a du travail d'assemblage : on sent une présence, un vin habité, pas un produit de déversement de cuve.
Mais dites-moi, sous ses petits airs respectueux, il me chauffe quand même un peu la gorge ! Sensation peu fréquente pour moi, qui bois du vin à peu près tous les jours que Dieu fait.
Je parie qu'il titre sérieusement, le petit.
... On regarde ?
Gagné : 13,5 ° quand même... c'est du sérieux ! ;-)
Je sais ce que je vais faire, spécialement pour ce vin-là : des chicken wings super épicés (autrement dit : des ailes de poulet marinées et grillées).
En me servant du vin pour un double usage :
1) comme base de marinade,
2) comme "rafraîchisseur" de gosier, par conséquent servi bien frais, pour couronner la dégustation de ces brûlants chicken wings.
Bien sûr j'invite Jacques à déjeuner : il dégustera tout cela avec moi. Il est cruel dans ses avis, mais il dit toujours des choses intéressantes.
On fait réduire le vin (environ 25 cl, pour 12 ailes de poulet, donc 24 morceaux) sur feu moyen :
Au bout d'un moment, j'ajoute du sucre de canne dans la casserole :
(NB. Les proportions exactes de la marinade sont récapitulées plus bas, donc je ne m'astreins pas à donner les quantités précises dans le déroulement.)
Voici ce que ça donne :
Voilà. Un quart d'heure a passé au total. Le vin sucré a réduit :
Je vais mettre ces trois épices à parts égales dans la marinade : cannelle, gingembre et curcuma.
Et deux gousses d'ail nouveau. Je l'ai acheté l'autre jour et depuis j'en mets partout, il est exquis :
J'ajoute un peu de poivre blanc moulu, du miel, de l'huile et du ketchup :
Et une cuiller de sauce de piment, avant d'ajouter le vin bouillant :
J'avais oublié ! Un peu de sauce de soja pour saler subtilement (et favoriser plus tard la caramélisation des chicken wings) :
Marinade prête !
Un parfum absolument envoûtant s'en dégage, car la chaleur du vin exalte les arômes de chaque épice :
Récapitulatif : composition de la marinade
• 25 cl de Chinon rosé réduit sur feu moyen et additionné d'une grosse cuiller à soupe de cassonade ou de sucre ordinaire (le volume de liquide est divisé par trois à l'arrivée),
• 2 cuillers à café de cannelle moulue,
• 2 cuillers à café de curcuma moulu,
• 2 cuillers à café de gingembre moulu,
• 1 petite cuiller à café de poivre blanc moulu,
• 1 grosse giclée de ketchup,
• de la purée de piment (ou sauce au piment)... à volonté ! (presque 1 cuiller à soupe pour moi : arrrrgh, ça décoiffe),
• 2 bonnes cuillers à café de miel,
• 1 bonne cuiller à soupe d'huile de votre choix (moi j'ai mélangé huile d'olive et huile de colza),
• 1 cuiller à soupe de sauce soja pour saler (à ajuster en goûtant).
On laisse tremper les morceaux de poulet dans la marinade pendant une demi-heure en les retournant trois ou quatre fois si on y pense, puis on les égoutte et on les dépose sur une grille, elle-même posée sur une plaque recouverte de papier d'aluminium.
Au four, sous le grilloir.
Sans se presser : puissance du gril seulement au niveau 3 (sur 5), et la plaque placée à mi-hauteur du four, pas directement sous le gril.
Je ressors la plaque toutes les 5 minutes, je badigeonne de marinade et je retourne les morceaux :
Observation d'un morceau :
- Stade 1
- Stade 2
- Stade 3 : cuisson achevée.
Au total, comptez environ 30 minutes de cuisson.
Le poulet est bien rôti mais reste très moelleux. Il peut parfaitement attendre un peu vos invités : il vous suffit de le remettre au four éteint, recouvert d'une feuille de papier d'aluminium.
Jacques est enfin là... Mangeons et buvons !
Je mets les ailes dans des barquettes en porcelaine.
Celle-ci, je me la garde, sinon Jacques va protester parce que le poulet a quelques poils... vous les voyez ?
Hé, mais... il manque l'essentiel !
Direction frigo et retour à table. Dégustation recueillie... slurp, slurp.
Avis de Jacques : un vin intéressant pour les amateurs de rosé qui veulent changer un peu du sempiternel rosé de Provence sans courir le risque de plonger dans le rosé sucré.
On a rebu.
Et on a été d'accord pour dire que c'est un vin agréable, qui complète idéalement un plat canaille, un pique-nique goûtu, et tout cela parce que... (eh oui, la note affective) : tout simplement, il nous rappelle cette époque merveilleuse de soirées entre copains du temps où on gagnait encore mal notre vie et où les bons vins blancs et rouges étaient souvent hors de portée. On buvait des rosés tous les soirs, dans les pizzerias, au restau, chez les uns ou les autres. C'était un vin de copains, un vin spectaculaire qui sentait l'été et le foin. Et on rigolait bien.
Ça nous a rappelé cette époque et cette ambiance. Sauf que ce vin-là est bien meilleur que ceux qu'on buvait alors !
Ci-dessous, j'ai photographié le vin dans un verre sans pied, on voit qu'il a une belle couleur. Très éclaircie par le soleil, ici. Dans la réalité, elle est plus foncée que cela, mais cette photo est à l'image de l'effet produit par ce vin : pas de vilaine sieste à craindre ! ;-)
Avec quelles autres aimables nourritures ce vin pourrait-il se boire très agréablement ?
Fermons les yeux quelques secondes et laissons venir l'envie...
1) Mmm... sur des travers de porc marinés et grillés : certainement pas mal.
2) Ouh là là, je sais sur quoi d'autre : une bonne pizza livrée à domicile (surtout si on l'arrose d'huile de piment) !
3) Je suis folle, j'allais oublier ! Evidemment sur des frites bien dorées, du jambon cru et de la mayonnaise additionnée de "hot ketchup" (cela, on l'a testé hier au déjeuner, grâce à la moitié de bouteille qui restait au frais : super !).
Faisons le compte : ma foi, je me suis indiscutablement bien régalée ce week-end, mais la pizza et le travers de porc me restent à essayer... Chouette ! Et longue vie au Chinon rosé, évidemment. :-)
[EDIT] - Pour voir le résultat du concours sur le site de Chinon rosé.
Le compte-rendu d'Olif (si vous n'avez pas le temps de lire, vous comprendrez tout rien qu'en voyant les photos !) montre que c'était indiscutablement l'homme de la situation. ;-)
Merci au syndicat de Chinon pour le grand plaisir que nous avons eu à participer à ce concours.
Chouette ! Chuis la première à répondre à cet article !