Voyez-vous cette boîte d'oeufs ?
Nous sommes le 11 novembre, donc tout vous semble OK : elle est à consommer avant le 29 novembre.
Sauf que... cette boîte, je l'ai achetée en novembre 2015 !
Et que je vous la photographie une bonne année plus tard : nous sommes aujourd'hui le 11 novembre 2016 !
Où était-elle pendant toute cette année, cette boîte, me direz-vous ?
Mais dans ma cuisine, pardi !
Il est vrai que je garde parfois certaines choses, de façon étrange aux yeux du quidam mais de façon parfaitement rationnelle à mes yeux : parce que je sais qu'elles me serviront un jour.
Et de fait, ces oeufs-là vont me servir maintenant à voir avec vous ce qu'il advient d'un oeuf, au bout d'un an passé dans une cuisine à température ambiante : cuisine où il fait très frais l'hiver et vraiment bien chaud l'été.
Première expérience : l'oeuf vieux de 4 mois
Vous vous souvenez peut-être que j'avais assez récemment goûté un oeuf pondu depuis 4 mois ?
À gauche, l'oeuf de 4 mois ; à droite, un oeuf frais :
Nous avions pu alors remarquer 3 choses :
- que cet oeuf ne dégageait qu'une très faible odeur d'oeuf, vraiment très discrète, aucune odeur nauséabonde,
- que le blanc était très liquéfié et le jaune, un peu relâché et aplati,
- et que la poche d'air avait beaucoup grossi (cf. ci-dessous).
J'en avais goûté une bouchée cuite en omelette, sans aucun autre dommage à signaler qu'une sensation d'écoeurement.
Expérience d'aujourd'hui : l'oeuf vieux d'un an
Voyons ceux-ci à présent. Eh quand même, un an, c'est une autre paire de manches ! Je pense qu'on ne peut même plus parler d'oeuf périmé, à ce stade. C'est un oeuf d'un autre monde.
Extérieur ? Ma foi, ils ont un air tout à fait normal.
J'en prends un :
Oh my God !!! Mais il ne pèse rien ! Quelle drôle de sensation !
Ma balance pourtant sensible m'annonce entre 11 g et 18 g selon les pesées pour le même oeuf : c'est dingue, il est trop léger pour qu'elle puisse être vraiment précise.
Du coup, j'y mets mes 5 oeufs. Et là, de façon invariable sur les trois pesées que je fais, elle m'annonce 91 g pour les cinq, soit un poids moyen de 18 g !
Quand vous savez qu'une coquille d'oeuf pèse environ 10 g, mais... que reste-t-il dedans alors ? Un fantôme ?
Je le secoue. Rien ne se passe, aucun mouvement à l'intérieur.
OK.
Comment procéder ? Je vais prendre un couteau lourd et trancher l'oeuf en deux d'un coup sec :
J'abats le couteau : surprise encore, il casse l'oeuf proprement et facilement.
Il n'y a personne d'un côté. Seule une des deux moitiés est habitée, mais il n'y a visiblement plus rien de liquide.:
Qu'y a-t-il sous la membrane parcheminée, à votre avis ?
Je me risque, j'approche mon nez.
Je sens une très légère odeur de jaune d'oeuf. Là encore, comme dans l'oeuf de 4.mois : rien de nauséabond.
Je retourne la chose et je toque pour casser la partie pleine :
Rien à faire, c'est super dur !
Je toque et re-toque. Au bout du dixième coup, ça se casse :
Mais l'intérieur ne veut rien savoir. C'est tout dur, tout fossilisé :
J'essaie de planter mon couteau dedans : quasi impossible.
Ça y est : je l'ai planté sur 2 ou 3 mm de profondeur, je peux soulever mon oeuf.
Bon, il faut en avoir le coeur net. Allons chercher ma scie à métaux.
Je scie, je scie...
C'est vraiment très dur, je dois bien veiller à bloquer l'oeuf des deux côtés de la lame pour éviter l'accident de glissade :
Et voilà !
Une fois que le plus dur est passé, on scie plus facilement, ça s'écroule en poudre :
Des deux côtés, on observe la même chose. Du jaune dur et ambré, et cette membrane blanche toute séchée et épaissie :
Différence de dureté des épaisseurs de jaune :
Tout contre la coquille, la partie la plus déshydratée est foncée et très dure.
Sur cette partie dure, on voit bien les traces laissées par la scie.
Ce n'est visiblement qu'une question de temps pour que les parties intérieures se solidifient elles aussi :
Peut-être que dans quelques milliers d'années on pourrait en tirer des pierres semi-précieuses et en faire des bagues ?
Mais j'ai quand même jeté mes oeufs : puisque les bagues ne se feront pas de mon vivant, autant faire un peu de place dans ma cuisine !
Il est d'usage de remercier les membres de l'équipe qui ont rendu l'histoire possible.
Un grand merci, donc, à mon adjointe :
Car, sans cette brave petite... qu'aurait-on pu faire ? Non je vous le certifie, un oeuf d'un an, c'est dur à scier, même avec une scie à métaux.
Bon ben, ciao les poulettes et les neuneufs ! Bon week-end à tous et à toutes. :-)
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J'adore tes expériences scientifiques d'école maternelle (Ah Ah!!) Comme ça on sait et ça, c'est précieux le savoir. Sans toi nous serions encore dans l'obscurité, que dis-je, dans l'obscurantisme qui invente ce qu'il ne sait pas (oeuf pourri, nauséabond, et autres ballivernes...). Merci Caroline de t'être ainsi dévouée en jetant depuis un an un oeil interrogatif et circonspect à ta boîte d'oeuf ; jette, jette pas? Quelle patience !! Bravo! Tiens, pendant que je suis là, je ne me souviens plus du nom des pommes de terre que tu recommandes à part la Charlotte ? un autre nom de fille je crois, mais j'ai oublié.... Bonne soirée et bon weekend !!