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Les desserts, je les ai adorés durant ma jeunesse, mais maintenant je n'aime plus les repas à tiroirs. Trop lourd pour moi.

Mon repas idéal, c'est une entrée et un plat.
Euh même, avouons-le... : s'il ne tenait qu'à moi, ce serait une entrée OU un plat OU un fromage.
Bon en tout cas, quel que soit le menu, je n'ai jamais envie de dessert.

Du coup, faire un dessert quand je reçois, ou me forcer à en manger quand je rends visite ici ou là, c'est limite une punition. J'aime le sucré, mais occasionnellement, et jamais quand je n'ai plus faim – donc par définition pas en dessert.

Oups ! Sauf que, petit problème : devenue abstinente en matière de desserts, j'ai fini par oublier que le dessert restait pour la grande majorité d'entre vous le bouquet final de tout repas convenable.

On m'a aimablement fait remarquer qu'il n'était pas forcément très agréable de finir chez moi le meilleur des festins sans une petite sucrerie ! Et que, si ce n'était trop m'en demander, une petite transition sucrée serait tout à fait bienvenue entre la dernière note de roquefort ou de moules-frites et... les retrouvailles nocturnes avec la rue, la portière, le volant de la voiture.

Hé ho, j'ai pourtant plein de boissons digestives à offrir, moi ! N'est-ce pas là le meilleur des desserts ?

Apparemment pas pour tout le monde, on dirait...
Capito ! Nous veillerons désormais à ce que les uns et les autres puissent finir le dîner sur une agréable sucrerie. Mon plan : un dessert savoureux.
- Mais certainement pas confectionné par moi.
- Et aussi léger que possible pour ne pas plomber tout le monde.
- Et pas trop cher non plus – donc non à la tarte aux fruits exotiques à 75 € de la pâtisserie du coin ! –, parce que quand les caisses sont vides j'affecte le fric au "sérieux" en premier, hein, on ne se refait pas tout de même. ;-)

En matière de desserts, la requête de mes invités est simple : ils ne me réclament pas du 10-étoiles Michelin, mais quelque chose qu'on ait envie de manger même si l'on n'a plus faim. Et qu'on ne regrette pas justement, sitôt sorti de table, d'avoir mangé sans faim.

OK, facile.

Vers un 15 décembre, pas le dernier mais celui de 2010, je recevais mes parents. J'avais fait un foie gras spécialement pour l'occasion, mes parents l'aiment beaucoup et ces dernières années mon père n'envisageait même plus d'autre mets possible quand je les invitais à l'approche de Noël. Dommage qu'il nous ait quittés si peu de temps avant ce dernier Noël, j'aurais tant aimé le régaler une dernière fois d'un de ses délices terrestres préférés ! Je me console en me disant que s'il n'a pas pu attendre, c'est vraiment qu'il consentait à avoir atteint sa dernière heure. Et notre tendresse dans ce grand moment lui a été visiblement plus délicieuse que n'importe quel foie gras.

L'année dernière, donc, j'avais acheté mon foie gras chez Picard comme d'habitude (le Thiriet est super aussi mais c'est beaucoup plus loin de chez moi, et cette année j'ai trouvé que les foies Picard avaient fait des progrès sur le dénervage, alors qu'ils étaient à la traîne de Thiriet là-dessus les années précédentes). Mais cette fois, grand progrès pour moi : en faisant mes courses je ne m'étais pas limitée au foie gras, cette fois j'avais aussi pensé au dessert.

J'ai déambulé entre les congélateurs de sucreries. Perplexe comme la poule plantée devant une paire de ciseaux. Hésité entre des petites tartelettes et des petits fours, c'est tellement mignon... ou des glaces ? mais à quels parfums ?... Tiens pourquoi pas un moelleux au chocolat ? oh non, trop lourd après le foie gras... Et soudain, tac, près de la caisse, le coup de foudre : "Oh cette petite tarte aux framboises toute mignonne : elle, ce sera elle, sinon rien !

Elle est adorable : 500 g, 4,80 € seulement, prévue pour 6 convives. De jolis fruits acidulés sur un lit délicat de pâte sablée.



Une petite part bien fraîche de cette tarte, pour terminer un repas axé sur le foie gras suivi d'un magnifique fromage, d'une salade délicate et de pains délicieux, ma foi je me suis dit que ça devrait être bien agréable. (Je sais, je sais, ce n'était pas un repas diététique, mais on a tous adoré ne pas s'encombrer de légumes ce soir-là. Oh quoi, allez, une fois de temps en temps...)




Modus operandi (que je vous recommande vivement parmi les deux choix proposés par le mode d'emploi – four ou frigo – parce qu'au frigo la décongélation prend parfois plus de temps qu'indiqué, et que ce n'est franchement pas agréable de tomber sur des bouchées encore gelées) :
- Je l'ai mise au four à 70 °C pendant 15 mn. (Vérifiez ce que je vous dis là : si c'est écrit sur le paquet, c'est bien ça comme température, mais là, en fait, je vous parle de mémoire ; si une autre température est indiquée, respectez-la.)
- Je l'ai ressortie, elle était bien décongelée puisque doucement chaude. Les fruits étaient intacts et ça sentait fort bon.




Mon idée : la servir bien fraîche. C'est-à-dire la laisser tiédir, puis lui faire passer le dîner au frigo et la sortir au moment où on attaquerait le fromage pour qu'elle ne soit pas froide-froide.

C'est ce que j'ai fait, et c'était vraiment impec au moment de l'apporter à table. Une fraîcheur exquise, et pas du tout détrempée grâce au bon passage au four.

Enfin, c'est ce que j'ai constaté avec joie... pendant un très court instant.
Car, tandis que je m'extasiais sur la splendeur du parfum des framboises, mon pied a glissé sur le petit morceau de gras que j'avais fait tomber sur le sol une heure plus tôt en démoulant mon foie gras... et je me suis sentie partir en vol plané. Rien à faire, rien à espérer, je me suis croûtée en beauté sur le sol de ma cuisine.
Cramponnée à ma tarte.

J'aurais dû penser en premier à mon col du fémur ou à des trucs comme ça, mais... héroïsme ou folie dangereuse, dans la fraction de seconde qu'a duré la catastrophe, j'ai juste pensé : "Ma taaaaarte, mon Dieu sacrifiez-moi s'il le faut, mais sauvez ma tarte !"

Ce qui fut fait, grâce à l'intervention divine, certainement :



J'ai réussi à garder sur la pâte les deux tiers des framboises, et à n'abandonner que ce qui a été éjecté par terre. (J'en connais qui auraient tout remis sur la pâte, je me trompe ?)

Après, je les ai re-réparties comme j'ai pu en surface pour que ça ait une allure correcte.

Quand j'ai apporté la tarte au moment du dessert, Jacques a explosé de rire : "Oh la vache, mais c'est quoi cette purée ?"... tandis que maman disait : "Mais c'est très bien ma chérie, elle a l'air parfaite" et que papa renchérissait en dépit de l'aspect de la chose, du moment que c'était moi qui l'avais faite.

Moi j'étais très optimiste, de toute façon rien qu'à respirer une petite bouffée de la senteur qui montait de la tarte, je savais qu'ils aimeraient.

Ils l'ont tous adorée :
Maman : "Oh, elle est délicieusement acidulée et fraîche."
Papa : "Moi qui n'avais pourtant plus faim, c'est la ponctuation idéale d'un bon dîner."
Jacques : "Super, ah oui, vachement bon, très agréable qu'il n'y ait pas toutes ces crèmes pâtissières ni ces chantilly pour étouffer les fruits."
Camille : "J'adooore ! T'as raison, le goût est super !"
(Et le plus incroyable :)
Moi : "Exact. Ça je dois dire que... miam... alors que je ne suis pas du tout dessert..."
... eh bien je me suis resservie pour la terminer !!!! Oui oui !

Bref, la seule fois de l'année 2010 où j'ai pris un dessert, je ne l'ai pas regretté. Goût stimulant, légèreté et fraîcheur.
Et à ce prix-là, je ne vois guère ce qu'on peut proposer d'aussi bon comme dessert. Sans oublier qu'à part la chute sur le carrelage, dont vous pourrez vous dispenser, elle ne m'a donné aucun mal.

Super, cette tarte. J'en "referai", c'est sûr !


NB. - Celle de Picard est très bonne, mais on en trouve aussi chez Carrefour, j'en ai acheté cet été et elle était parfaite aussi.


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