C'est un chef "glouton", j'entends par là un de ceux qui se croient tout permis, un chez qui vous éviterez d'aller travailler si vous êtes mignonne.
Il est souriant et séduisant par-devant, nettement moins reluisant dans ses relations de travail, de proximité.
Dans un entretien accordé à Vanity Fair, la cuisinière désormais renommée Céline Pham a dénoncé un délit de harcèlement sexuel dont elle a été victime en 2010, tandis qu'elle travaillait dans les cuisines du très distingué William Ledeuil. Le délit en question a été commis sur elle, à l'époque, par le second de cuisine de M. Ledeuil.
Elle ne donne pas le nom de l'auteur des faits. Mais en lisant l'article de Vanity Fair, en un quart de seconde j'ai deviné qui c'était. Céline Pham n'est pas la seule à avoir atteint le stade de la vraie reconnaissance, son agresseur aussi est reconnu, et est devenu connu dans le petit monde de la gastronomie tendance.
Je ne vous dis pas son nom, moi non plus. Ce n'est pas à moi d'aller plus loin que Céline Pham.
Par contre, ne vous privez pas de taper dans Google les indices qu'elle donne à Vanity Fair : j'ai tapé "chef italien 2 restaurants à Paris Top Chef William Ledeuil", et je suis tombée pile poil sur celui auquel j'avais pensé.
Alors ?…
… C'est le gendre idéal, n'est-ce pas ? (si vous êtes devant sa photo)
Il n'a donc vraiment aucune excuse pour s'y prendre à la hussarde avec une collègue, en mode "je te veux, je te touche, je te menace, et je t'agresse dans la chambre froide".
Or il l'a fait.
Et personne n'y a rien trouvé à redire.
Je constate donc que dans les milieux professionnels où il y a des brigades (l'armée, les cuisines), les femmes valent moins qu'une cuisse de poulet, qu'une truffe ou qu'un billet de 10.€.
Car imaginez seulement que William Ledeuil ait surpris son salarié en train de lui chiper une cuisse de poulet ou une truffe dans le frigo de son restau étoilé !!! C'était la porte ILLICO pour le vilain, sans préavis ni indemnités. Ah je vous le promets, c'est la loi dans ce milieu, et tout le monde la connaît : tu piques de la marchandise ou du fric dans un restau, tu es VIRÉ DANS LA SECONDE.
Exemple déclinable à l'infini, dans tous les commerces.
William Ledeuil doit être trop occupé à ses affaires et sans doute pas formé à avoir la bonne et saine réaction, il a certes des soucis à gérer chaque jour, je l'imagine bien. Mais croyez-vous qu'il se laisserait dérober une truffe ou un steak par un de ses salariés ? ;)
Qu'il soit malintentionné, je ne l'affirme pas. Qu'il soit un patron insuffisamment formé aux règles élémentaires d'un bon management, cela, par contre, c'est certain. Dans l'Église catholique, l'Éducation nationale ou chez les scouts, on connaît bien cette attitude… : quand, parmi son encadrement, on a un élément qui se permet harcèlement et agressions sexuelles, au pire on étouffe l'affaire, au mieux on déplace le fautif pour qu'il aille faire ses besoins ailleurs.
M. Ledeuil, lui, a choisi de proposer une confrontation entre la victime et son agresseur (quelle riche idée) et/ou de déplacer Céline Pham dans un autre établissement. Génial, encore mieux dans la restauration que dans l'Éducation nationale : c'est la victime qu'on prie de laisser sa place pour aller voir ailleurs si un autre harceleur s'y trouve ! (En l'occurrence, la victime a compris qu'il valait mieux quitter pour de bon un patron dont elle n'avait aucune protection à attendre : "J'étais seule, j'avais peur.")
Alors, je vous le dis amicalement, M. William Ledeuil : quand votre salarié harcèle et agresse votre salariée dans VOS LOCAUX, votre attitude doit être celle-ci et uniquement celle-ci.
Elle est très simple, je vous assure !
Les yeux dans les yeux, vous auriez dû dire au harceleur :
"Alors toi, OK je tiens à toi, je connais ta compétence en cuisine, mais si tu t'avises UNE SEULE FOIS de recommencer à menacer, toucher, agresser l'un.e des membres de mon personnel, quel qu'il.elle soit, eh bien JE TE VIRE, et avec un bon coup de pied où je pense ! Et en attendant tu lui fais tes excuses devant moi si tu veux garder ta place."
Voilà, c'est cela, un vrai chef de brigade, monsieur.
Mais ça, c'est comme la cuisine, ça s'apprend.
Quand je pense qu'il vous aurait suffi de vous imaginer qu'il vous avait piqué une truffe ou quelques sous dans la caisse pour refuser de garder un type comme cela. Car on ne garde pas un type comme cela si on veut une brigade saine. Eh oui, mon constat m'insupporte moi-même : à vos yeux, Céline Pham (ou une autre) ne vaut donc même pas une truffe, pour que vous n'ayez pas jugé bon d'attraper votre second par le col et de lui administrer une sérieuse leçon.
Conclusion personnelle : ces messieurs ont besoin d'être éduqués, le coupable mais aussi celui qui le couvre, et je refuse catégoriquement d'entendre parler d'eux, de prendre un repas chez eux, de regarder leurs livres, de m'intéresser à leurs émissions TV-radio, jusqu'à ce qu'ils changent d'attitude.
Et j'assure Céline Pham de tout mon soutien. Elle ne vaut certainement pas moins qu'une truffe, et elle vaut certainement mieux que beaucoup de ces messieurs.
PS - Avis aux femmes qui postulent dans les métiers de la restauration. Lors de votre entretien d'embauche, pourquoi ne pas demander à votre futur patron potentiel : " Quelle est votre politique en cas de harcèlement moral ou sexuel entre vos salariés ? Vous étouffez l'affaire, ou bien vous gueulez un bon coup pour rappeler les règles à tout le monde ?"
Dans un métier où l'on manque plutôt de bras à l'heure actuelle, c'est peut-être le moment pour une femme de rappeler, avant de signer son contrat de travail, que chaque salarié.e a droit à la protection de son.sa patron.ne, et qu'elle compte fermement dessus.
Quant à moi, je n'idolâtre aucun chef sous prétexte que c'est un as des bouillons, des épices, du chocolat ou de je ne sais quoi encore. Un bon chef doit être un bon chef sur toute la ligne, pas seulement un as en cuisine ou en communication. Les chefs, je ne leur passe rien sur le terrain de l'ordre moral — je leur passerais d'ailleurs bien plus volontiers un bouillon raté. Un chef qui laisse commettre des délits d'agression dans sa boîte, à mes yeux c'est un mauvais chef sur toute la ligne. Quant à l'agresseur dont Céline Pham nous parle, ce n'est pas le gendre idéal, vous l'aurez compris. Et même s'il est "adulé sur Instagram", il y a plein d'autres endroits sympathiques ailleurs que chez lui pour manger de la bonne bouffe à Paris.
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À lire en ce moment :Commentaires
Re: Consternant
par Caroline
le Mardi 11/06/2019 à 18:59
Tu parles d'or Laurence !
par Pompompidou
le Vendredi 06/03/2020 à 09:50
Est ce que ce genre de choses a vraiment changé ?
Re:
par Caroline
le Vendredi 06/03/2020 à 09:58
Aaah ma chère Pompom' !!! Comme tu dis. C'est vrai, mais avec des femmes qui protestent et qui luttent, on finira par avancer. Il faut des femmes qui protestent, exactement comme toi, pas des femmes qui se plaignent et qui geignent en attendant qu'on s'occupe du problème pour elles.
Re:
par Pompompidou
le Jeudi 12/03/2020 à 10:07
Ouais, on proteste, on proteste mais en attendant... J'en parlais à un copain de fac y a quelques jours -du féminisme et tutti quanti- et une chose m'a frappée quand j'ai fait les comptes : Je ne connais pas une femme, pas une seule dans mon entourage proche, qui n'a pas été agressée d'une quelconque façon que ce soit. Pas une seule. Y en a qui ont été frappées par leurs hommes, d'autres qui se sont faites violer dans la rue ou par le voisin, d'autres qui se sont faites tabasser, d'autres qu'on a suivies... Bref, une horreur.
Re:
par Caroline
le Jeudi 19/03/2020 à 15:48
Il faut refuser le terme d'hystérique (le + calmement possible ;)). Et l'appliquer, par comparaison et rééquilibrage, méthodiquement, à des comportements masculins de violence et d'exagération. Bon, certes, les hommes n'ont pas d'utérus, mais il faut alors inventer un terme aussi dénigrant qu"hystérie" pour cet afflux d'hormones mâles qui pousse les hommes à perdre la raison, et notamment à tuer (en voiture, dans le couple, dans la ville, etc.) quand les femmes, elles, donnent la vie et préservent la vie.
Re:
par Pompompidou
le Samedi 06/06/2020 à 10:05
Refuser le titre d'hystérique ? Pourquoi donc ? Non, ils ont qu'à m'appeler hystériques s'ils le veulent. Je suis épuisée d'expliquer, de justifier, de pardonner les insultes venant d'hommes qui ne veulent pas entendre, pas comprendre, pas réfléchir. Ça me rappelle une annecdote tiens : Dans ce cas, j'ai non seulement du me justifier mais j'ai été aussi mise dans le rôle du professeur.Bénévolement.
Re:
par Caroline
le Samedi 06/06/2020 à 10:12
Tu as raison, on n'a pas le temps ni l'énergie pour lutter contre des moulins à vent. Je suis tellement contente pour toi que tu aies trouvé un homme comme celui que tu décris ! C'est merveilleux. |
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Et par manque de réaction correcte, ce patron se retrouve avec une réputation bien écornée, tout ça par lâcheté mais surtout par intérêt personnel et pécunier. Non mais il croyait vraiment qu’à l’ère des «# metoo et #balancetonporc ça passerait inaperçu ? Il est idiot en plus d’ Un goujat ! Merci pour l’info, je n’ai pas vu passer.