Thèmes cliquables : HORS-CUISINE - culino-philosophie
Il paraît que le 14 février, c'est la fête de l'amour et des amoureux.
A vous dégoûter de l'amour et des amoureux, non ? (Curieusement, je n'ai pourtant rien contre un petit cadeau ce jour-là... : allez comprendre.)
Pour moi, le 14 février, c'est une date commerciale comme une autre ! Mais il n'est certes pas interdit de profiter de cette date pour nouer de nouvelles relations d'amour. Qu'en pensez-vous ?
Il y a des interlocuteurs avec lesquels on a généralement du mal à nouer une relation d'amour : les préposés des services clients, surtout dans le domaine Internet & téléphonie.
J'en ai fait ma première expérience du temps de Wanadoo, le service Internet de France Télécom à l'époque de la préhistoire du Net.
Un jour — c'était un 14 février — j'appelle leur service clients pour faire part de mon exaspération totale, et la dame me dit : "Un instant, s'il vous plaît, j'ouvre votre dossier."
Puis j'entends ("en mode off", comme dirait Camille) un minuscule : "Ah d'accord."
Discret mais réfrigéré. Refermé comme une huître. A ce tout petit "ah d'accord", mon passé téléphonique des jours précédents m'est aussitôt remonté à la mémoire.
Bien sûr, je ne suis pas du genre à invectiver le personnel, mais désolée, on me demande toujours de savoir rester aimable alors qu'on m'a dotée à la naissance d'une égalité d'humeur à la McEnroe ! Alors, je vous en prie, comprenez-moi.
Bien sûr aussi, vous vous doutez que jamais je n'ai pu prononcer ces mots... : "Mais merde à la fin, c'est quoi ces pratiques de gangsters ?! Bon sang j'y crois pas, mais vous bossez vraiment dans une boîte de nuls !!! C'est pas possible, et vous appelez ça un service clients ??? Pffff, mais je rêve, c'est tout juste un service "parle-à-mon-c**", ma pauv' dame !"
Non, heureusement, c'est l'évidence pour vous qui me connaissez un peu : de tels mots n'auraient jamais osé franchir mes lèvres. Mais s'il m'était par mégarde arrivé de seulement concevoir des propos aussi spontanés dans mon cerveau embrumé par le désarroi, sachez tout de suite, chers Seigneur Jésus et tous les saints, que je le regretterais très sincèrement.
(Surtout si c'est noté dans mon dossier client.)
Quoi qu'il en soit, ce jour-là, quand j'ai entendu dans l'écouteur ce fameux "ah d'accord" qui me stigmatisait comme cliente difficile, j'ai vécu mon chemin de Damas. Mon illumination spirituelle.
Comme par miracle, j'ai alors dit le seul truc intelligent à dire à un pauvre auxiliaire du service clients : "Cher Monsieur (ou chère Madame en l'occurrence), je sais qu'à l'évidence vous n'êtes pour rien dans ce qui m'arrive, mais je vous téléphone parce que je souffre atrocement de ma situation et ne sais plus à quel saint me vouer... J'espère de tout coeur que vous pourrez m'aider."
Eh bien, croyez-moi, cette jolie phrase produit des effets miraculeux.
Car la personne qui vous répond est un être humain, pas plus con que vous (quoique, souvent, si — mais ne le répétez pas) et qui connaît parfaitement la boîte pour laquelle il travaille. Il est aux premières loges pour se rendre compte que son employeur a des pratiques pourries, alors a-t-il besoin qu'on l'insulte en plus ? Il souffre déjà bien assez comme ça.
Quand vous commencez votre conversation en lui montrant qu'en tout cas, lui, vous ne le prenez pas pour de la m**** et que vous savez qu'il n'est pas forcément solidaire de la politique minable de sa boîte, vous lui faites du bien. Et même s'il ne pourra pas faire de miracles pour vous — vu qu'il ne peut faire que ce que sa sale boîte l'autorise à faire —, je vous certifie qu'il fera pour vous le maximum de ce qu'il peut faire. Et ma foi, c'est toujours ça de pris.
Il est un fait que, ce jour-là, après dix-huit tentatives restées vaines au cours de la semaine écoulée, j'ai enfin réussi à faire résilier mon abonnement Wanadoo... bon, certes, seulement au bout d'une bonne demi-heure (facturée à l'époque au prix du caviar) passée à endurer de multiples "patientez une minute Madame, je vous reprends dès que possible" à la suite desquels j'entendais mon interlocutrice parler avec ses collègues et feuilleter je ne sais quelles pages de dossiers ineptes, alors qu'un simple minuscule clic sur son clavier aurait suffi pour me désabonner. Elle me reprenait, elle me relarguait aussitôt pour tourner des pages et dire à sa collègue : "oh ça, tu devrais demander à Jeannine", puis elle me reprenait et me relarguait sans me laisser une demi-seconde pour lui demander ce qu'elle foutait. J'ai cru crever de fureur mais par miracle j'ai échappé à l'attaque fatale. Et, juste avant le moment où j'allais craquer et la traiter enfin de tous les noms, elle m'a dit : "Voilà c'est fait, Madame."
Admettez qu'elle aurait mérité une paire de baffes, mais j'ai quand même réussi à dire merci (sans ajouter d'autre mot moins bien connoté) avant de lui raccrocher au nez.
Depuis cette époque Wanadoo, les services clients ont accompli quelques progrès dans la prise en charge de nous autres, pauvres patients. Et de mon côté, j'ai maintenu mes progrès comportementaux. C'est ainsi qu'au total ma relation amoureuse avec les services clients, sans être devenue un doux chemin de lys et de roses, tient à peu près la route *.
* Du moins quand j'arrive à tomber sur un "conseiller"... ce qui n'est pas le cas chez Orange depuis huit jours, scrogneugneu, je recommence à enrager pour de bon, là !
Alors, un petit tchin ! en ce 14 février : à la santé des services clients !
Mon caractère m'a joué des tours en amour aussi. Je me suis fait larguer une seule fois. Un 13 février, soit la veille de la Saint-Valentin.
Bon, de toute façon, j'estime qu'un seul vrai largage pour la bonne centaine de petits copains dont j'ai brisé le coeur — j'adorais ça, briser les coeurs, je n'y peux rien, et il faut savoir que les garçons ont une propension sidérante à s'éprendre de celles qui les traitent le plus mal —, donc, 1 %, disais-je, ça reste un taux d'échec honorable. Si je fais un bilan global de mes réussites, ma vie amoureuse est à coup sûr la chose qui m'a apporté le plus de satisfactions au cours de ma riche existence.
Mon "big largage", je l'ai connu à quinze ans et quelque. Ma première histoire d'amour.
J'étais malade, une angine ou un truc comme ça. Donc affaiblie, notez-le. Couchée dans ma chambre, je me languissais, quand Jean-Marc me rend visite. Pour une fois, j'avais décidé d'être aimable avec lui. Nous sortions ensemble depuis huit mois, et tout le monde me faisait de plus en plus souvent remarquer que je lui parlais comme à un chien. Alors que, pourtant, je l'aimais beaucoup, mais vraiment beaucoup. Il avait trois ans de plus que moi, il avait son bac (inestimable supériorité pour moi qui n'étais que lycéenne), c'était le frère aîné d'un des meilleurs amis de mon frère aîné (un truc dingue pour une fille qui veut se faire respecter, non ?). Il avait de magnifiques yeux dorés et une mob Peugeot 103 beige et marron : bref, le must. Autant dire un mec qui m'avait semblé au départ inaccessible, comme à toutes mes copines. Totalement irrésistible pour moi, ça... Pas pour vous ?
Bref, le samedi soir où on s'est embrassés pour la première fois, j'ai senti que c'était du sérieux, je n'en ai pas fermé l'oeil de la nuit. Surexcitation, fierté, bonheur. C'était trop chouette, je prenais l'ascenseur social de l'amouuuur.
Alors ensuite, quand on me faisait des reproches sur ma façon de le traiter, ça m'énervait :
— Je n'y peux rien, c'est mon caractère, répondais-je. Et puis, ne vous en faites pas pour lui, allez ! Quand je l'embrasse, je lui fais tout oublier.
Sauf que ce jour-là, le garçon avait décidé de retrouver la mémoire.
— Ecoute, j'en ai marre, je n'en peux plus, me dit-il. Nous deux, c'est terminé.
Moi, sidérée dans mon lit. Première réaction (pas la bonne, je vous le dis tout de suite) : la colère.
— Mais ça va pas la tête ? T'es pas bien mon pauvre garçon ! Oser larguer une personne alitée, franchement, faut que tu consultes !
En fait, je n'y croyais pas un instant, je n'avais aucune raison d'y croire. De toute façon, je savais qu'il m'aimait. On avait recollé 500 fois les morceaux en huit mois, pas de raison que ça cesse.
— Non, désolé, me dit-il. Je te jure, je bloque totalement, je ne peux plus.
"Je bloque", c'est quoi, ça ? Tout en me disant eh là zut y a un truc pas normal chez lui aujourd'hui, j'ai balayé les faits avec conviction :
— Bon OK, j'ai peut-être exagéré deux ou trois fois, mais je vais changer !
— Trop tard, je ne peux plus, je suis lessivé. Fini. Fini. Fini : c'est ter-mi-né.
Moi, indignée — et surtout, sincèrement affolée :
— Mais bon sang, t'es complètement crétin ou quoi ??? Puisque je te dis que je vais chaaangeeer !
Il a écarté les mains en signe d'évidence :
— Voilà. Réécoute-toi... Tout est dit.
J'ai attendu son départ pour pleurer. J'ai hurlé à la mort pour faire venir ma mère. Elle est venue. Sincèrement désolée pour moi. Elle a eu la gentillesse de ne pas pointer mes torts. J'en étais atrocement consciente, de toute façon.
Huit jours plus tard, j'ai appris qu'il sortait avec une brunette qui était folle amoureuse de lui depuis des lustres. C'était la petite soeur du meilleur ami de Jean-Marc, elle avait le même âge que moi et elle venait d'attraper mon ascenseur social de l'amouuuur. J'ai re-hurlé à la mort.
Jusqu'au jour où une amie m'a dit : "Il paraît que Stéphanie est déprimée, elle dit à tout le monde que ça ne va pas marcher avec Jean-Marc, qu'il la juge tout le temps et qu'il t'idéalise complètement." Oh youpi !!! Vive les copines, vive les ragots ! Là j'ai été guérie. Et j'ai resplendi comme un petit soleil quand une bonne âme m'a confirmé quelques jours plus tard que c'était fini entre eux.
"Pfff... guérir c'est facile, en fin de compte !" me suis-je dit.
"Et puis le passé, de toute façon, c'est ringard. Seul aujourd'hui est important", ai-je réalisé.
Le week-end suivant, à une fête, j'ai été embrassée avec une passion affolante par un garçon malheureusement âgé de tout juste quinze ans, alors que moi j'avais déjà quinze ans et huit mois. Son âge ridicule a sonné le glas de notre histoire d'amour, j'avais tout de même des exigences, mais ses baisers ont achevé de me guérir. Si j'en ai tiré une loi, c'est celle-ci : "Sitôt plaquée, fais-toi embrasser avec passion, et tu vivras à nouveau la belle vie !"
Franchement, aucun chagrin d'amour ne résiste à une nouvelle histoire d'amour — même brève, même avortée... et même ridicule, tenez.
Le 14 février ne vaut pas mieux que toutes les autres dates, à mon avis. Mais une chose que je vous certifie en l'honneur de la Saint-Valentin : embrasser, c'est revivre. Et fantasmer, avoir envie, rêver à quelqu'un, c'est déjà (re)aimer !
Aimés ou pas encore aimés, croyez dur comme fer à l'amour, il survient toujours au détour du chemin... Toujours.
Alors, bonne Saint-Valentin à tous !
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Quand l'amour vous file entre les doigts...
Commentaires
par Laurence5428
le Lundi 14/02/2011 à 08:53
Toujours très optimiste! J'adore. Et au pire : prendre un bain chaud au sel de mer...
Merci!
par LuPlume
le Lundi 14/02/2011 à 11:18
Bonjour!
Ah...
par Didi
le Dimanche 20/02/2011 à 09:59
Histoire raffraichissante que celle de ce plaquage et de cette guérison, et comme j'aurais aimé pouvoir suivre ce conseil quand je me suis faite gentiment jetée il y a un mois ! Malheureusement, personne à embrasser... (si ce n'est un jeune prétendant qui a 6 ans de moins que moi -j'ai 25 ans-, mais ne poussons pas hein...).
Re: Ah...
par Caroline
le Dimanche 20/02/2011 à 10:56
Eh non Didi, Jean-Marc n'est pas revenu pour autant !... Quand même un peu trop vacciné, sans doute. ;)
Service clients operateurs telecoms...
par Pierre-Yves
le Dimanche 27/02/2011 à 21:12
Bonjour,
Ah l'amour... Surtout une histoire de ruptures
par Pompompidou
le Mercredi 08/03/2017 à 19:50
Hehehe, piquante !
Re: Ah l'amour... Surtout une histoire de ruptures
par Caroline
le Mercredi 08/03/2017 à 21:02
Oh ma Pompom' ! |
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Dès le matin, ça fait du bien tes petites histoires!...tellement réalistes et drôles à la fois!