Thèmes cliquables : HORS-CUISINE - culino-philosophie - s'exprimer en bon français sur Internet
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"Les fautes, on s'en fout... Tant qu'on se comprend !..." Voilà un propos qui s'entend couramment.
———————————————————————————————————————–Tu parles ! Moi je dis OK, on s'en fout peut-être, mais jusqu'à un certain point seulement :
1°) Car les fautes ralentissent toujours la lecture, en tout cas la mienne ; et ça m'agace.
2°) Et aussi, car le "tant qu'on se comprend", justement, n'est pas acquis du tout ! Les fautes de français peuvent aboutir à un faux sens, voire à un contresens. D'où retour à la contrariété 1°).
La preuve ce matin. Je lisais un livre où il y avait écrit (... et non pas "où il y avait d'écrit", ayez pitié de moi) cette phrase : "L'idée est d'éviter d'investir dans des installations coûteuses et d'utiliser celles des autres."
Désolée, mais ça, ce n'est pas OK pour quelqu'un qui lit vite ! Ni pour un lecteur neuneu, d'ailleurs.
Car on risque de comprendre, dans la fougue de la lecture rapide : "d'éviter d'investir (…) et [d'éviter] d'utiliser celles des autres". Ce qui n'a bien sûr aucun sens.
Il aurait mieux valu dire, pour être clair, et même si c'est moche – mais de toute façon la phrase est mal foutue au départ :
"L'idée est d'éviter d'investir dans des installations coûteuses, et de préférer – puisque c'est à la fois possible et plus rationnel – utiliser celles des autres."
Tout cela m'a irritée ce matin en particulier, parce que je venais juste de lire sur Internet, en conclusion d'une recette de plat complet où il y avait des saucisses : "S'abstenir de saler et poivrer si vous le souhaitez".
Ambigu enfin quoi, zut !!!
Vous comprendrez qu'à un certain moment, j'en aie ras le bol. Cette fois-là, deux solutions correctes m'auraient fait gagner du temps :
- "il faut éviter de saler, et poivrer si vous le souhaitez"
ou, encore mieux :
- "il faut éviter de saler et, au contraire, poivrer si vous le souhaitez".
Marre de devoir s'aider du contexte pour rectifier en permanence le sens de ce qui est écrit !
Marre de relire ou de devoir faire une micro-pause à chaque paragraphe pour être sûr(e) d'avoir bien compris. Lire une fois suffirait... si c'était bien écrit !!!
Sur toute une vie, imaginez !... Penser au temps que ça me ferait gagner, comparé au temps que je perds dans ma vie réelle, tenez ça me débecte.
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Tant qu'on y est, passons donc en revue quelques fautes à la sauce culinaire ? Des plus bénignes aux plus dérangeantes, comme ça me vient.
———————————————————————————————————————–• On fait un millefeuille ou un mille-feuille, désolée, on ne fait pas un millefeuilleS, fût-il superbe à voir et à déguster.
Le millefeuille ne prend pas de "s" à la fin.
Qu'on en trouve ici et là dans les blogs d'amateurs, ces "s" inopportuns, OK, mais quand les magazines culinaires professionnels s'y mettent, là je dis non !
Par contre *, on a le droit de mettre un mille-patteS dans le millefeuille, eh oui, avec un "s". Mais c'est le millefeuille qui m'intéresse ici, alors vous faites comme vous voulez avec vos mille-pattes, c'est vous qui voyez.
* Placé ici, "par contre" est parfaitement correct, à la différence d'un "en revanche" qui ne conviendrait pas dans ce contexte.
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• En outre, complication supplémentaire : par principe votre millefeuille est multicouche, tout comme un bateau avec plusieurs coques est (un) multicoque.
De même encore,
Et un robot est multifonction, pas multifonctionS.
Signalons toutefois qu'un représentant de commerce peut être multicartes ; et qu'il a certainement pour cela une bonne raison que, soyons raisonnables, je prendrais le risque de vous lasser à vous expliquer (et pas "si je vous L'expliquais", comme je l'ai abominablement écrit dans un premier temps – mais à ma décharge, ma phrase est sacrément trop mal foutue pour s'en sortir indemne).
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• Les jaunes d'oeuf et les blancs d'oeuf sont comme la soupe de tomate : ils sont déterminés par une catégorie générique.
Si vous êtes une personne ordinaire qui utilise des oeufs de poule pour ses préparations, en aucun cas vous ne battez vos blancs d'oeufS en neige, ne mélangez vos jaunes d'oeufS au sucre "jusqu'à ce que le mélange blanchisse et fasse ruban", ni ne préparez une soupe de tomateS toutes issues du même cageot de tomates espagnoles, d'autant qu'elles sont dégueu en ce moment alors autant s'en dispenser.
On ne met un "S" que s'il y a omelette d'oeufS de différents animaux (autruche, dinde et caille par exemple) ou salade de tomatesS de différentes couleurs (vertes, jaunes, rouges et violettes) ou différentes variétés (Green Zebra, Noire de Crimée et tomate-ananas, par exemple).
[edit] Le commentaire de Karine me dément. Vérification faite, les livres qui en parlent prescrivent le jaune d'oeufS. Ma règle à moi ne sort pas de nulle part et je la trouve très agréablement utile et subtile, mais je n'en retrouve plus la source. Sans source, rien ne se prouve ! Alors pour moi, humilité de rigueur à présent sur ce sujet. ;-) Merci Karine.
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• "Monder" et "émonder" ont des sens différents, et donc des emplois différents.
Correct : "On émonde un arbre" (= on coupe les branches qui dépassent) ou encore on "on émonde la chevelure insensée" d'un Marx ou d'un disciple de Bob Marley qui ne s'est pas fait de shampooing depuis dix ans.
Mais on n'émonde ni une tomate ni une amande ! On se contente de les monder, ce qui consiste à enlever la peau, tout bêtement : il n'y a qu'une pellicule à enlever. Et non pas des broussailles en surnombre à éliminer au sécateur pour rendre une forme correcte à une chose ou à une personne, ce qui demanderait alors un émondage.
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• "Tendresse" évoque un sentiment, "tendreté" une consistance.
Correct : "J'aime la tendreté du filet de boeuf, presque au point de pouvoir dire que j'ai de la tendresse pour le boeuf qui va me donner une viande aussi tendre."
Mais la tendresse de la viande ? Celle-là, inconnue au bataillon.
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• Le pire de tout : car cette règle est en passe d'être oubliée même sous les meilleures plumes. Le participe passé "fait" ne s'accorde JAMAIS devant un verbe à l'infinitif.
La règle : quand le participe passé du verbe "faire" (= fait, faits, faite, faites) est suivi d’un infinitif, l’accord est interdit : il n’y a plus ni "faits", ni "faite" ni "faites" ; c’est forcément "fait" : toujours invariable.
Par exemple, lorsque j'ai fait reluire les verres en cristal, je parle alors des verres en cristal que j'ai fait reluire et non pas des verres que j'ai faitS reluire !
Petite aide en cas d'hésitation : essayez de mettre votre phrase au présent. Et vous verrez que vous direz bien : "La viande se fait griller."
Sauf si vous êtes déjà saoûl, vous n'aurez en effet pas l'idée de dire : "La viande se faite griller."
Le changement de temps permet souvent de résoudre un doute, comme dans ce cas-là.
Du coup, même au passé, on se sent à son aise :
Les frites que j'ai "faites", ça OK si la phrase s'arrête là. Mais les frites que j'ai faitES cramer, ça non.
Les frites que j'ai fait cramer, là oui, même si c'est dommage pour vous, qui tout comme moi les aimez pile poil dorées comme il faut.
- Incorrects : "la viande (qui) s’est faite griller", "la caramélisation (qui) ne s’est pas faite attendre", "la poêle que je me suis faite fabriquer". Mon Dieu mais comment peut-on dire ou écrire des horreurs pareilles ?
- Corrects : "la viande s’est fait griller", "la caramélisation ne s’est pas fait attendre", "la poêle que je me suis fait fabriquer".
On peaufine encore un peu l'accord des participes ? (Pourvu que je ne vous aie pas perdus en route...)
Car oui, c'est dommage que quelqu'un les ait laissé cramer, ces bonnes frites ! (....et surtout pas les ait laissées cramer !). Là aussi "laissé" est invariable, car c'est moi qui ai fait l'action à leur égard, d'où le participe invariable. Alors que si elles se sont laissées flotter dans l'huile, là ça s'accorde, car elles sont aussi le sujet de l'action et pas seulement l'objet.
Retenez plus facilement : "Moi Caroline je me suis laissé embrasser par le plus beau mec du quartier", et "moi Caroline je me suis laissée embrasser le plus beau mec du quartier". Pas le même sens du tout, et le sens se repère tout de suite à l'accord ou non du participe passé. Voilà pourquoi se tromper dans l'accord va ralentir ma lecture. Et, à terme, me gâter l'humeur et le caractère.
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• Compter sur / compter avec
On compte SUR quelqu'un pour nous acheter la friteuse de nos rêves, on a malheureusement oublié de compter AVEC la pénurie d'huile (ou c'était sans compter la pénurie d'huile).
Au lieu de cela, on entend couramment : "Les huîtres seront rares pour Noël, les consommateurs comptaient sur une abondance de bourriches, mais c'était sans compter SUR les bactéries qui ont tué une partie des cultures du bassin" (au lieu de "sans compter les bactéries").
Ou : "Les enfants m'ont suppliée de les emmener au parc d'attractions ce week-end mais c'était sans compter SUR ma paresse."
Affolant, non ?
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• Il y va... / Il en va... : alors là, deux expressions qui ne veulent tellement pas dire la même chose que je suis dans la stupéfaction d'entendre les journalistes faire quotidiennement la confusion. Mais alors eux, sérieusement, ils vont dans le mur dans 80 % des cas. Pas difficile : je frôle le nervous breakdown tous les jours à cause de ça.
- "Y aller de" pose une question de vie ou de mort concernant le sujet dont on cause.
Nicolas Sarkozy, de façon récurrente, disait : "Il en va de la survie d’Ingrid", alors qu'il aurait dû dire : "Il y va de la survie d’Ingrid".
Un participant protestait récemment sur un forum : "Il faut faire attention aux fautes sur Internet, il en va de la culture française" – eh bien, avec des défenseurs pareils, la pauvre chérie...
- "En aller de" s’accompagne toujours d’un adverbe, comparatif ou non, ou d'une locution : "il en va différemment" ou "il en va de même", "il en va ainsi depuis la nuit des temps", "... que voulez-vous, il en va de la sorte à présent".
Il sera donc correct de dire : "Il en va de même du poivron ou de l’oignon, il est préférable de les éplucher avant de les consommer." Ou bien : "Le poisson vit dans l'eau, il en va différemment de l'homme, qui préfère la terre ferme."
Pour nous résumer :
- Incorrect : "J’enlève la peau du poivron, il en va de mon confort de digestion."
- Correct : "J’enlève la peau du poivron, il y va de mon confort de digestion [ou de mon confort post-prandial si on est pédant ou médecin]."
• Insupportables redondances syntaxiques :
Incorrect : avant de manger cette pêche, je vais EN enlever SA peau.
Corrects : avant de manger cette pêche, je vais EN enlever LA peau ou je vais enlever SA peau.
Incorrect : "Je vais vous présenter la cuisine indienne et vous EN vanter SES charmes" (présentatrice indienne de feue Cuisine TV, devenue Cuisine +).
Correct : "Je vais vous présenter la cuisine indienne et vous EN vanter LES charmes" ou "et vous vanter SES charmes" (ou, encore mieux, mais un peu pédant à l’oral : "Je vais vous présenter la cuisine indienne et vous vanter les charmes de celle-ci".)
Incorrect : "La pomme dont j’ai enlevé SA peau et apprécié SON goût."
Correct : "La pomme dont j’ai enlevé la peau et apprécié le goût."
Incorrect : "C’est DE cela DONT il est question."
Correct : "C’est DE cela QU’il est question."
Correct quoique un peu plus lourd : "C’est CELA DONT il est question" (ou "c’est précisément CE DONT il est question").
Mais...
"J'en ai plus que ma claque", "J'en ai vraiment ma dose" (pour signifier à quel point on peut en avoir marre, ras-le-bol, en avoir assez) sont corrects pour moi, même si l'Académie les dénigrerait.
À ce propos, il va falloir que quelqu'un me débranche : quand je pars sur ce sujet-là, je deviens pire qu'un électrocuté cramponné à un générateur électrique.
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• Vous n'êtes pas sans savoir / sans ignorer
Incorrect : "Vous n’êtes pas sans IGNORER, Jacky, que les réserves de poisson s’épuisent" (Julie Andrieu, dans un reportage télévisé, de façon récurrente) [= "Jacky, vous êtes obtus sur ce sujet que pourtant personne n'ignore."].
Correct : "Vous n’êtes pas sans SAVOIR, Jacky, que les réserves de poisson s’épuisent." (= "Ça va Jacky, détendez-vous, j'arrête de vous faire passer pour un crétin.")
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• Encore des participes passés TOUJOURS invariables :
Incorrect : "Ils se sont succédÉS", "Elles se sont renduES compte" (ou, encore mieux : "renduES compteS").
Correct : "Les ennuis se sont succédé" ("... mais elles s'en sont heureusement rendu compte").
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• Et à nouveau invariables, les participes passés, lorsqu'ils sont placés en début de phrase :
Incorrects : "PasséS quarante ans, il faut consulter son médecin avant de se remettre au sport", ou "Ci-jointES les copies demandées", ou encore "ExceptéS les week-ends, je me lève à sept heures."
Corrects : "Passé les vacances, la vie redevient contraignante" ou "Passé quarante ans, souvent on fait sa crise", ou "Ci-joint les copies demandées", ou encore "Excepté les week-ends, je me lève à sept heures."
(Par contre, lorsqu'il est placé autre part dans la phrase, le participe devra être accordé : "Veuillez trouver ci-jointes les copies demandées", "Une fois les vacances passées, je m'ennuie", etc.),
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• Le verbe "être" s'accorde * à tous les temps : pas seulement au présent !
* Merci Serge pour l'horrible faute d'accord corrigée grâce à ton commentaire... ;-)
Donc :
"C’est" → "Ce sont"
"C’était" → "C'étaient"
"Ce sera" → "Ce seront"
Incorrect (mais admis dans le langage parlé familier) : "C’EST des pêches, sur l’étal là-bas ?"
Correct : "CE SONT des pêches, sur l’étal là-bas ?"
Incorrect : "C’ÉTAIT des poulets que je voyais rôtir dans l’âtre."
Correct : "C’ÉTAIENT des poulets que je voyais rôtir dans l’âtre."
Incorrect : "CE SERA vos casseroles durant toute la durée du stage."
Correct : "CE SERONT vos casseroles durant toute la durée du stage."
La faute la plus fréquente est de loin celle de l'imparfait – là, sans exagérer, on peut avancer que 95 % des gens ne respectent pas l'accord :
Incorrect : "C’était délicieux ; normal, C’ÉTAIT des cuisiniers de chez Robuchon."
Correct : "C’était délicieux ; normal, C’ÉTAIENT des cuisiniers de chez Robuchon."
Nécessité de l'accord qui se vérifie pourtant facilement si l'on remet la phrase au présent :
Incorrect : "C’est délicieux ! Normal, C’EST des cuisiniers de chez Robuchon." (Ah mais pouark !)
Correct : "C’est délicieux ! Normal, CE SONT des cuisiniers de chez Robuchon."
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• L'impératif sans "s" pour les verbes en ER !
[edit :] Plus exactement : l'impératif ne se termine jamais par "ES" (cf. § ci-dessous en bleu).
Définitivement et sans exception, les verbes qui se terminent en ER comme "manger", "aller", "pleurer"... et même "arrêter de pleurer"), ces verbes-là, à la 2e personne du singulier de l'impératif (autrement dit : lorsqu'on les utilise pour donner un ordre à une personne que l'on tutoie), ne prennent pas de "s" final.
La plupart des gens s’efforcent pourtant, avec beaucoup de bonne volonté, de penser à apposer le "s" final de la 2e personne du singulier propre à l'indicatif ; ainsi, ils écrivent couramment : "ChanteS !", "MangeS !", "VaS !", alors qu’il serait bien préférable qu’ils oublient ce traître "s" dans ce cas précis ! L’orthographe correcte est en effet : "Chante !", "Mange !", "Va pleurer dans ta chambre !"
Incorrect : "VaS ! MangeS ta soupe ! RégaleS-toi de ta pitance et féliciteS-moi de mes talents de cordon bleu !"
Correct : "Va ! (ou "vas-y", petite exception exigée par la fluidité). Mange ! (ou "manges-en", pour la même raison). Régale-toi de cette vilaine soupe et félicite-moi pour mes talents avant de sortir de table !"
[edit :] J'ai été incomplète sur cette question de l'impératif ! Car si la règle inclut bien tous les verbes du premier groupe, elle ne s'y limite pas. Je vous cite ce passage, très exact et pédagogique, extrait de la page bonne correction.com, très bien faite, qui cible plus particulièrement les fautes les plus moches des forums :
Alors, quelle est la règle? Elle est en réalité très simple. L'impératif ne se termine jamais par "-es". S'il y a un "e" à la fin du verbe, qu'il soit du premier groupe, ce qui est le cas le plus fréquent (ex : verbe "écouter; "écoute-moi"), ou du deuxième groupe (ex : verbe offrir; "offre-lui des fleurs") ou du troisième groupe (ex : verbe savoir : "sache-le"), le "e" termine le verbe, et c'est tout. On ne met pas de "s".
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• "En termes de" ne s'écrit jamais au singulier !
Tout simplement en raison du sens même de cette locution, qui signifie : "Si l'on parle dans le langage et avec les termes de cette profession / cette spécialité / ce domaine spécifiques, alors on peut dire que..."
Correct : "en termes de cuisson", "en termes de cuisine", "en termes de légèreté".
Incorrect : "en terme de cuisson", "en terme de cuisine", ou, même si c'est vrai sur le fond, "en terme de bêtise, il est champion".
Nous maintenons mordicus : "en termes de" est toujours au pluriel même s’il se rapporte à un nom singulier.
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• Spécialement à l'intention de M6, pour l'émission "Un dîner presque parfait", qui, là-dessus, est à vous retourner l'estomac : "hôte" est un mot masculin, et l'employer au féminin est parfaitement incorrect ! Car son féminin est "hôtesse", comme chacun le sait très bien.
Correct : la plupart des hommes nourrissent "le fantasme de l'hôtesse de l'air".
Incorrect : que les mêmes hommes nourrissent le "fantasme de l'hôte de l'air" !... Alors que le "fantasme du steward" ou le "je me taperais bien un passager de l'avion pendant mon petit voyage", eux, s'admettent aisément.
Incorrect : au lieu de quoi le journaliste de M6 persiste à se demander hypocritement, TOUS LES SOIRS de la sainte semaine, "ce que va faire notre HÔTE" avec le boudin créole qu'elle tient entre ses doigts, et après quoi si ça se trouve il va tout bêtement passer sa soirée dans un bar à putes.
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• Moins important, tout ceci, mais tant qu'on y est :
- On dit "noix muscade", pas "noix DE muscade".
- On "se balade entre les stands du salon de l'Agriculture", on ne s'y "baLLade" pas ! Mais on a le droit de "s'y balader en chantant la ‘Ballade pour Adeline’ " autant qu'on veut.
- On "atteste un fait", on "n'atteste pas D'un fait".
Incorrect : "Les trois étoiles de ce chef attestent DE la qualité de sa cuisine."
Correcte grammaticalement : "La tiédeur à coeur, vérifiée par une aiguille, atteste la bonne cuisson du gigot." Sur le fond, pour cette dernière allégation, je miserais plutôt sur une douce chaleur ; et surtout, je ne le larde pas de coups d'aiguille pendant qu'il cuit, car je FAIS confiance À ce que je vois et À ce que je sens pour décider de le sortir du four, vu que j'AI confiance EN ce que je vois et EN ce que je sens (et non pas l'inverse : je FAIS confiance EN ce que je vois – et pourquoi pas, allons-y, soyons fous : j'AI confiance À ce que je vois ?).
- On "pallie une lacune, un manque", on "ne pallie pas À une insuffisance".
Incorrect : "La viande pue, mettez plein de piment dans la sauce, ça palliera AU manque de fraîcheur."
Correct : "Mettez du piment dans cette sauce, cela palliera / pour pallier le manque de fraîcheur de la viande."
- On "apporte un objet ou un plat" (que l'on transporte dans ses propres mains), tandis qu'on "amène quelqu'un" (que l'on peut tenir par la main). Pas le contraire !
Incorrect : "Amener un poulet à table", puisqu'on ne tient pas le poulet par la main pour qu'il aille se faire dévorer.
Correct : "Apporter un poulet à table."
Correct : "Amener un enfant à l’ogre."
C'est pourtant pas compliqué, tout ça...
Là-dessus, l'infirmier ne venant pas, je vais me débrancher toute seule comme une grande.
Ciao les gosses ! :-)
Je suis loin d'être exhaustive ! Je compléterai avec joie ce petit cri de rappel par vos propres apports si vous voulez partager vos exaspérations... ou votre tristesse... Lol.
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Merci pour ce cri de colère: la "mal langue" est aussi indigeste que la "mal bouffe", en effet.
D'ailleurs, les grands gastronomes (et peut-être pas les "grands cuisiniers") sont aussi d'habiles littérateurs, souvent inspirés, tant écrire sur la nourriture et la cuisine relève de la poésie.
Petit clin d'oeil: dans ton article, emportée sans doute par la passion, tu as laissé passer une faute, qu'il est encore temps de rectifier, avant que des fâcheux s'en emparent !
Au début du paragraphe consacré à l'emploi du verbe "être", mauvais accord du premier verbe ("s'accordent").
Mais c'est un détail, le tout est remarquable, je comprends et partage ton emportement à la lecture de certaines fautes qui nuisent non seulement à la compréhension, mais finiraient par faire ressembler notre langue et toute recette à un infâme brouet.
La langue, comme tous les abats, mérite toute notre considération et nos meilleurs soins...