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Quand on ne supporte pas l'idée de manger un escargot, on a forcément peur des bulots (car là aussi, la bête est molle et part en longueur, en colimaçon).
Mais, dans le cas des bulots, je trouve que cela vaut la peine de surmonter sa répugnance... à condition d'éviter les deux ou trois erreurs de préparation-dégustation qui peuvent vraiment vous gâcher le plaisir.
Les bulots, j'y avais goûté une seule fois, il y a plusieurs années. Un jour où le vendeur du rayon poissons m'avait dit "tenez, vous devriez prendre ça, on vient de les cuire".
Ça me dégoûtait ! Mais j'avais cédé parce que les bulots étaient déjà cuits et que le poissonnier était trop charmant pour que cet horrible petit mot de trois lettres, "NON", sorte de ma bouche en réponse à son sourire.
Bien enfouis sous la mayonnaise, ces premiers bulots m'avaient laissé un bon souvenir : une chair agréablement caoutchouteuse et un goût sympathique, bien marin comme j'aime.
Les bulots, faut-il les acheter crus ou cuits ?
Un jour plus récent, j'étais au marché, longtemps après cette première expérience.
Et là, ploup, une petite envie me prend devant le rayon poisson.
J'ai désigné sa caisse de bulots à la marchande : "Sont-ils cuits ?" (avec espoir).
Quoique asiatique, elle m'a fait une réponse de Normande : "Oui oui, ils sont cruuiiis."
Ne l'ayant pas clairement comprise, je l'ai priée de répéter, et elle m'a rechanté avec un grand sourire "ils sont cruuiiis, ils sont cruuiiis" tout en hochant la tête avec enthousiasme, alors j'ai scruté les bêtes pour en avoir le coeur net et j'ai vu que ça bougeait :
"Ah mais non, ils sont crus ! ai-je dit.
— Oui oui, ils sont cruuiiis ! a-t-elle opiné joyeusement – et à ses yeux, c'était une splendide nouvelle à m'annoncer.
(Gloups.)
— Mais dans ce cas comment fait-on pour les becqueter ?"
Le poissonnier en chef est intervenu : "Pas de souci ma p'tite dame ! Vous les plongez tout simplement dans une eau bouillante bien salée et poivrée, pendant vingt minutes. Avec un brin de thym."
"Mais avant cela, n'oubliez pas ! a-t-il ajouté. Juste avant la cuisson, vous les brassez bien sous un jet d'eau froide pour un petit nettoyage !"
Bon, pas si compliqué que ça, en effet. Alors j'ai demandé un sachet de bulots pour mon déjeuner :
Pendant que la marchande remplissait le sachet (570 g pour... pile poil 5,70 € : le bulot du marché était, ce jour-là, à 10 € le kilo tout rond : sachez que le prix du kilo de bulots vivants est de 3 € inférieur au prix du kilo de bulots cuits), le poissonnier me vantait la fraîcheur de ses bulots.
Pour me convaincre, il s'est mis en tête de leur donner des petites pichenettes pour les asticoter.
Effet instantané : toute la caisse de polystyrène s'est mise à gigoter, et du ventre des dizaines de coquilles entassées sous mes yeux j'ai vu jaillir des trompes gigantesques.
"Mon Dieu !" me suis-je écriée. J'ai eu un regard effaré vers la marchande, qui m'a prestement tendu le sachet et sa main ouverte avant que je n'aie le temps de m'enfuir à toutes jambes.
(Quoi...... ? Qui a dit "chochotte" ?)
Là, c'est sur mon évier, après le marché. Regardez donc !
Et avouez que, tout de même, avoir ça chez soi...
Brrrrr... J'espère qu'une bonne cuisson va nous remettre tout ça en ordre.
Comment cuire les bulots pour qu'ils soient savoureux ?
Si vous voulez que ce soit bon, voici mon conseil : faites un bouillon très relevé et surtout très salé !
Mes bulots du marché, après leur cuisson et leur doux refroidissement, n'étaient pas du tout aussi bons que les premiers (ceux que j'avais achetés déjà cuits il y a quelques années à mon vendeur souriant).
Après enquête, c'est juste que je n'avais pas mis assez de sel dans ma casserole !
Du poivre, j'en avais mis plein, je trouve que c'est sublime avec les coquillages et les crustacés. J'avais mis aussi une gousse d'ail (certains mettent de l'oignon), et j'avais terminé avec une feuille de laurier à tout hasard. J'essaierais bien avec du vin blanc en plus, la prochaine fois ? Je ne sais pas si c'est recommandé.
Dommage ! Au lieu de me précipiter sur ma casserole et mes aromates, j'aurais dû faire une recherche sur Internet avant de les cuire.
J'ai fait cette recherche seulement après les avoir mangés, malheureusement pour moi mais… heureusement pour vous ! Car, à présent, ayant récolté mes informations sur le site Fruits de la mer.com, je suis en mesure de vous inviter vivement à mettre 30 g de sel par litre d'eau en plus des autres ingrédients, c'est-à-dire exactement comme le font les pêcheurs de Ouistreham, dans le Calvados — et rappelons-nous que la Normandie est la région reine de la pêche au bulot ; et que les pêcheurs sont toujours les meilleurs cuisiniers de leur pêche.
... Franchement, 30 g de sel par litre, c'est énorme !
Devant la quantité de sel que ça fait de visu, c'est impressionnant, quand on n'a pas l'habitude de cuire dans une eau aussi salée que l'eau de mer.
Moi je les ai cuits dans 2,5 litres d'eau, alors ça fait... 75 g de gros sel, mais oui ! Rendez-vous compte !!!
C'est énorme.
Autant le savoir, donc, car spontanément on n'aurait jamais l'idée de mettre des quantités pareilles !... (... et du coup, on pleure à l'arrivée parce que c'est fade.)
Pour les bulots, avant le rinçage à l'eau claire, je leur impose avant cuisson un petit bain d'une heure dans de l'eau salée et vinaigrée, ce qui va leur faire cracher le sable qu'ils auraient encore coincé dans la coquille, et les rendre moins visqueux après cuisson.
Le temps de cuisson dépend de la taille des coquillages, 20 minutes me semblent un minimum. Il faut en effet un bouillon asez corsé, j'y mets souvent du fenouil et du vin blanc, on peut ausi faire soja, vin de riz et anis étoilé etc... ; et je travaille à 35 g de sel par litre, mais c'est au pif en fait.
Le plus important à mon avis est de les laisser refroidir dans leur bain de cuisson, puis de les manger à température ambiante.
Le plus important : comment trier, servir, présenter les bulots ?
Étape 1 - Ils ont été nettoyés sous un jet d'eau :
Étape 2 - Puis mis à cuire pendant 20 mn :
Étape 3 - Cuits, puis égouttés :
NB - Il aurait été mieux que je les laisse refroidir dans leur bain de cuisson, cf. ci-dessus les conseils de Patrick Cadour.
Alors... ?
Celui-là est parti chair toute vers le fond : hého, du bateau !
Je le tire avec une petite fourchette piquante (une fourchette à escargots, je crois) :
Mouaif...
La couleur : franchement bof... !
Je coupe l'opercule :
Et le truc mou et luisant, c'est quoi ?
Je ne me souvenais pas avoir vu ça dans ma première (et déjà ancienne) dégustation de bulots :
Voyez aussi la petite bite que je pointe vers vous et dites-moi ce que c'est, s'il vous plaît !
J'en extrais un autre de sa coquille.
Flûte, c'est encore la même comédie. Des tas de trucs bizarres s'accrochent au corps charnu.
Je ne veux pas manger ça, mais j'aimerais bien savoir ce que c'est :
J'ai quand même ma petite idée. Et vous ?
Poubelle !
Sur certains, tout le bazar reste scotché au fond : très bien !
Mais sur d'autres, ce n'est franchement pas possible :
Je ne mange pas le tortillon, qui est l'hépato-pancréas. Ce n'est pas très bon et c'est là que se fixent les polluants que la bestiole ingère au cours de sa vie de charognard des fonds marins. Très différent du bigorneau qui est un pur vegan.
Tout le reste est très bon.
Étape 4 - Présentation pour un petit apéro : là, épluchage obligatoire !
Bulots décoquillés :
NB - On évite de les passer au réfrigérateur, ce qui les durcit et les affadit.
Évidemment, vous vous doutez bien que j'ai enlevé tous les déchets... :
… pour ne garder que la chair, et présenter un truc bien propre à mes invités :
Je m'attendais à ce qu'on pouffe devant le chichiteux de cette présentation :
Eh bien on s'est exclamé au contraire : "waouh, c'est beau !"
Mmmm... et pas mauvais en plus !
Voyez... Très apprécié.
Par contre, je vous conseille un bon pot de mayonnaise commun + une distribution de petites coupelles à chacun, pour que chacun se serve de mayo selon ses besoins et fasse ses petites cochonneries mayonnaisées dans sa coupelle plutôt que dans le pot commun !
Petit musée des horreurs
Je vous laisse vous faire votre opinion...
Mmmm....
Et songez que ci-dessous, c'est la partie qu'on mange :
Désolée mes chers ami(e)s.
Pour me faire pardonner (et vous redonner de l'appétit)... voudriez-vous une petite recette d'accras vite faite ?
Petite recette express d'accras de bulots
C'est une recette "à la louche", hein !
Vous avez quelques bulots, disons quelques restes dont vous ne savez pas quoi faire ?
Hachez-les grossièrement, et versez-les dans un saladier où vous aurez mis de la farine, un oeuf, du sel, du poivre, du persil haché, et ce sera encore meilleur si vous ajoutez de l'oignon vert haché.
Vous pouvez ajouter un peu de levure chimique et laisser reposer la pâte une heure mais moi je me suis lancée tout de suite.
Hop, persil et assaisonnements :
Puis on verse tout dans un saladier de pâte farine + oeuf + un peu de levure :
Un bain de friture pas trop chaud (150-160 °C) pour que ça cuise bien à coeur :
Mes beignets n'ont pas une super tête, mais ils sont super bons :
Surtout mangés avec une sauce pour nems (à laquelle je vous conseille de rajouter quelques cacahuètes hachées et un quart de gousse d'ail haché + quelques minuscules râpures de carotte – moi j'étais trop pressée, mais c'est comme ça que j'ai mangé mes premiers accras à la Guadeloupe et c'était plus joli, mais surtout bon à mourir…) :
Mmmm... ça vaut largement de les faire exprès pour eux-mêmes, ces accras, et pas seulement pour faire une recette avec des restes !
Bons bulots les amis ! ;-)
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Ah ce que j'aime ça ! Mais j'avoue, je les achète déjà cuit (par ignorance, paresse, facilité. Mais prête à essayer tes recettes, oeuf corse !